Littérature Radio Numérique

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22 avril

jeudi 23 avril 2020 - Ce qui nous empêche

J’ai attrapé France Culture au vol ce matin, les chroniques de fin de matinale, par téléphone. Ça parlait déconfinement [1], de différentes façons, au fond toutes économiques.

Le cinéma et la peur pour les salles, les producteurs, pour les films, la peur pour les réalisateurs, toutes les personnes qui sont liés à cette chaîne. C’est comme le livre, pris dans sa chaîne, les libraires au bout qui asphyxient (l’auteur au début pas mal dans le genre aussi, passons), et pendant ce confinement, se révèle la faille entre le numérique implémenté par les acteurs culturels, et ce qu’ils auraient pu faire. Par exemple, le cinéma, pourquoi Gaumont, Pathé, UGC n’ont pas investi dans une plateforme de streaming il y a déjà 10 ans de ça ? J’apprends que MK2 et Netflix ont signé justement. Donc c’est possible, même si c’est tardif. Dommage de signer avec Netflix alors que depuis 10 ans Canal Plus, TF1 auraient pu faire quelque chose, voire, soyons fous, l’Etat ! Proposer une médiathèque de flux culturels, affilier les producteurs, les diffuseurs, créer une plateforme européenne de distribution. Mais je dois dérailler.

Et le livre ? J’ai lu un article sur le livre numérique, complètement déphasé l’article, où il est écrit "Gallimard montre la voie". Et c’est au premier degré, sans rire. Je me suis à la fois étouffé avec mon café, tapé la tête contre les murs et roulé par terre. Guillaume n’a pas été interviewé. Là, il me semble quand même pouvoir dire, sans me vanter parce que, oui, j’en fais partie, de cette maison, mais que parler du numérique sans parler de Publie c’est un peu "léger", pour rester poli. Une autre chronique de France Culture parlait du pétrole, et du prix du baril qui est descendu jusqu’à -36 USD, donc on vous donnait ce jour-là des dollars pour prendre du pétrole, littéralement (en raison du coût de stockage). Et toute la chronique reposait sur : le pétrole baisse mais ça va nous coûter cher. Sous-entendu "d’y revenir" parce qu’on va y revenir, c’est la ligne en ce moment. C’est malheureusement vrai, qu’il y aura un retour des transports à base de pétrole, qu’on ne va pas changer du jour au lendemain sans organisation, mais le ton de la chronique et l’ambiance du moment c’est, même si c’est une opportunité pour les énergies alternatives, il faut se préparer au retour du pétrole. Comme s’il fallait accueillir, pas le choix, ça ou la mort, le retour du monde d’avant. On aurait tout aussi bien pu entendre une chronique, lire un article, et puis un autre, sur comment, après le confinement, mieux détruire ce monde pour faire autre chose. Le finir à coup de lattes (comme on disait ado) tant qu’il est à terre.

A propos du pétrole je me souviens, il y a quelques années des économistes pontifiaient à la radio sur le cours du pétrole qui ne pouvait pas, structurellement, descendre sous la barre des 90 dollars. En 2012 dans La Tribune un article explique comment il ne descendra pas sous la barre des 100 dollars. Plus tard, et là c’est toujours vrai, c’était : plus jamais au-dessus de 100 dollars [2]. A chaque fois, un an après évidemment autre chose se passait. Aujourd’hui on lit "pourquoi le prix du pétrole ne va pas remonter". Les économistes sont formidables. A notre tour de ne pas croire que ce rappel à nous de la nature, de la planète, va changer quelque chose. On peut aussi croire que ça ne va pas ne rien changer.

Le confinement rend fou la mésange. Ti-tuut, ti-tuut, ti-tuut, elle hurle, ça la rend dingue, Ti-tuut ça doit vouloir dire "barrez-vous".


[1Souligné rouge, bouton droit, mot ajouté au dictionnaire de la machine

[2vrai depuis 2014