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Confinement jour 15, mardi 31 mars : L’inquiétude gagne mais la vieille structure métallique du jardin est enfin dégagée

mardi 16 juin 2020 - Ce qui nous empêche

Pas de sport prévu si ce n’était le défi quotidien auquel un mouvement de plus s’est ajouté depuis la semaine passée :

31 abdos - 21 squats - 11 pompes.

Long moment au jardin et ça y est : la structure métallique qui autrefois protégeait le bois pour la cheminée mais ne protégeait plus rien depuis fort longtemps, au point de virer petite tourbière, est enlevée. L’Homme m’a bien aidée une fois que je l’avais dégagée. Puis il a continué à couper les ronciers.

Pendant ce temps, ayant trouvé un pot de fleur rempli de vieux morceaux métalliques (boulons, anciens freins de vélos, clefs, vieille serrure démontée et une pièce de dix centimes, semblerait-il de 1896), je m’exerçais à l’archéologie.

Notre fille, malade comme pour une rhinopharyngite carabinée allait quant à elle chez notre médecin de famille, qui confirmait que ça n’était peut-être "que" ça, mais qu’il fallait surveiller de près l’évolution car il pouvait s’agit du Covid-19 (elle est persuadée que non).
Échanges serrés de messages (SMS) entre elle et moi tout au long de la journée.
Dans un pays évolué, le médecin demanderait dans son cas qu’un test soit effectué, et s’il était positif elle serait prise en charge dans un établissement dédié, ne serait-ce que pour respecter une quarantaine stricte et qu’elle n’ait pas à s’occuper de la moindre intendance et pour qu’immédiatement, en cas de difficultés respiratoires, elle soit prise en charge dans un établissement équipé. Mais là on est en France, on n’a pas assez de tests, donc rentrez chez vous et on verra bien.
Elle dispose d’un arrêt maladie de trois jours (parce que pour pouvoir télétravailler il faut être un minimum en forme) et son frère fera les courses pour elle. Heureusement les deux appartements, la coloc du Fiston et le nôtre où vit notre fille, sont dans le même quartier.

Au soir, alors que je regardais par la fenêtre de devant, aux prises avec l’inquiétude jointe à un sentiment oppressant depuis l’accident de samedi soir, j’ai échangé quelques mots avec K. la voisine d’en face qui fermait ses volets et ça m’a fait un bien fou. En tant normal, sur cette rue qui est donc une départementale, il y a une circulation qui fait que l’on n’aurait pas pu se parler ainsi à moins de crier.
Les voisins vont bien. C’était bon d’entendre quelqu’un le dire, Nous allons bien. J’étais contente aussi que cette famille sympathique ne semble pas nous tenir rigueur d’être venus avec le risque d’apporter le virus dans nos valises.
Cela dit, déjà des cas locaux bien avant notre venue. Ça suit son cours, hélas.

Aujourd’hui était, quoi qu’il en soit, notre dernier jour de quarantaine de précaution pour les "réfugiés" d’une autre région que nous sommes. J’espère que nous n’aurons pas de mauvaise surprise à retardement.

Nous avons préparé les poubelles avec un soin particulier, les mouchoirs et gants de protections dans un petit sac à part glissé dans le grand. Bien sûr, l’Homme trouvait cette précaution superflue.

L’accident de samedi l’a marqué aussi. Nous nous sommes faits un petit débriefing au cours du dîner. Lui dit qu’il a su que c’était la voiture qui venait de frôler la haie qui avait produit le claquement métallique inouï. Alors que moi, pas du tout : du fait d’une rafale de vent au même moment et de l’absence de freinage, et du son impossible à relier à quoi que ce soit d’autre comme expérience identifiable. Quoi qu’il en soit, en parler m’a (nous a ?) fait un peu de bien. À la nuit tombée je sens mon cœur qui s’accélère dès qu’un véhicule passe un peu vite en allant du sud vers le nord comme ce fut le cas pour la voiture accidentée. J’ai cherché de nouvelles informations en vain. Le fait que cet accident fût incompréhensible ajoute à son côté traumatisant.

Article formidable de Florence Aubenas pour Le Monde qui l’emploie. Elle s’est confinée dans un EHPAD. Son texte fait froid dans le dos et chaud au cœur. Les amies du cercle de lecture de l’Attrape-Cœurs, l’ont partagé sans que je n’aie initialisé le mouvement. Je me suis sentie une fierté, probablement illégitime, mais néanmoins profonde. Et j’ai ressorti mon tee-shirt du Comité de Soutien que je mets désormais pour me donner courage (et peu me chaut que ça soit ridicule, étant donné que ça fonctionne de me faire bon effet).

Statistiques : 846 156 cas (dont : 41 654 morts et 176 171 guéris)
source : Coronavirus COVID-19 Global Cases by John Hopkins CSSE