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Confinement jour 19, samedi 4 avril : voir l’ISS passer

samedi 20 juin 2020 - Ce qui nous empêche

C’était une journée relâche de sports, seulement le défi du club (abdos - squats - pompes). Il a fait un temps magnifique et j’en ai profité pour travailler encore au jardin. Celui que nous appelons "L’arbre aux oiseaux" est désormais libre de tous ronciers qui l’étouffaient.

Pendant que je terminais, JF nous cuisinait des spaghetti carbonara. Et c’était bien et absolument détendant de passer directement du jardin à les manger, et du déjeuner à la sieste, et de la sieste à un moment de lecture avec un bon thé, en plein soleil de fin d’après-midi sur le canapé remonté.
Ma vie quotidienne ordinaire m’offre très très très rarement des moments parfaits à ce point-là.

C’est terrible de devoir ces instants de paix et de bonheur à un terrifiant immense et général malheur. Ça n’a pas de sens. C’est fort troublant dans la distribution de l’effort collectif d’avoir tiré la carte : assignés à résidence dans de bonnes conditions et sans autre travail à faire que ce que vous voulez et pouvez faire pour votre maison. En même temps, nous avons l’un comme l’autre presque l’âge qui était celui désigné pour la retraite lorsque nous avons commencé à travailler. Et nous sommes au bord d’être considérés comme des victimes potentielles privilégiées du virus. Ça n’est donc pas illogique d’être dans cette situation-là.

Notre fille semble aller mieux qui s’attaque avec courage à l’état lamentable de l’appartement que nous lui avons laissé le temps du confinement.

Ça faisait ce soir une semaine qu’un homme dont nous ne connaissons que l’âge (46 ans) d’après la presse locale, s’est tué en voiture presque devant chez nous. Je pense à lui, à ses proches. Au mystère de ce décès (la voiture qui fonçait comme un boulet de canon, aucun freinage et juste ce pan de mur précis qui faisait à peine la taille de s’y loger - une voiture était garée le long du mur aussi, celle de l’accident est venue s’encastrer pile à côté -).

Heureusement un touite de Vélomagus (en ce moment Confinomagus) lu la veille m’avait mise sur une piste d’un moment de beauté potentielle. J’avais alors tenté de voir l’ISS, mais en vain. L’appli que j’avais téléchargée n’était pas très claire pour "lire" le ciel. J’ai suivi le conseil d’un de ses lecteurs et téléchargé Heavens Above. Ça a très bien fonctionné.

J’ai vu l’ISS arriver, l’ai suivie du regard d’un côté puis de l’autre de la maison. Émue aux larmes. Ce genre de détails auxquels on peut remarquer que l’épreuve actuelle, même si son terre-à-terre quotidien est des plus agréables (dans notre petit cas) nous met les nerfs en pelote. De façon assez évidente, voir la station spatiale m’a redonné une certaine confiance en l’humanité. #AndraTuttoBene
Si on est capables collectivement de concevoir un tel outil de progrès, on arrivera bien à surpasser une pandémie. Même si individuellement nous risquons de morfler.

Dans la journée, j’avais aussi commencé mon observation des oiseaux pour "oiseaux des jardins". Les petits-enfants de la voisine du 10 sont sortis dans leur jardin à cet instant précis. Ils étaient joyeux et agréables à entendre, toutefois seules deux ou trois mésanges n’en ont pas été effrayées. J’ignorais si de ce fait mon observation pouvait compter.

On entend souvent aussi vers le bord du soir, des cris joyeux de jeux comme venant d’un jardin des petits pavillons de préfa blancs. Un adulte (on entend héler "Maman !" comme pour dire "À toi de jouer") au moins participe.
Un autre jour c’était dans le jardin des voisins d’en face, que leurs enfants jouaient. Les entendre fait un bien fou. Pour eux ce n’est qu’une parenthèse dans une bonne petite vie dont pour la suite ils ne doutent de rien. Ils ont raison.

J’ai terminé la journée par les TG de Rai News 24 et de les LT. Trump et ses déclarations, son aplomb à mentir et à se foutre du monde, me donnent la nausée.

Heureusement il y a eu une jolie séquence sur le Commandant Crozier, quittant, parce qu’on l’a brutalement limogé, le navire dont il était le capitaine, mais sous les acclamation de ses troupes. Je l’avais déjà vu la veille sur les réseaux, mais la prise de position ouvertement en sa faveur de la journaliste de la Rai et de son invité faisaient du bien.

Le Saint-Suaire sera exposé en direct à la télé. Plus ou moins pour compenser que les célébrations religieuses pascales auront lieu à huis clos. J’avais envie de rire, puis je me suis rappelée la ferveur des files d’attente à Torino lors des temps d’exposition. Certaines personnes, rien que pouvoir se recueillir devant leur écran, ça va les aider de ouf. Alors c’est toujours ça de gagné face à l’adversité.

Il est 1h08 et une moto vient de passer, allant vers Lessay. Je crois qu’il y a désormais dans le confinement, du laisser-aller.

Dans la journée j’ai compté 5 avions : deux qui pouvaient être de vols commerciaux, deux d’avions de chasse et un d’un petit avion qui pourrait être privé. Ça déconfine d’un peu partout. Et l’épidémie en France n’a même pas passé son pic. Voilà qui promet bien des lendemains qui ne vont pas chanter.

Statistiques : 1 187 798 cas (dont : 64 084 morts (8 344 aux USA) et 245 949 guéris)
sources : Coronavirus COVID-19 Global Cases by John Hopkins CSSE