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peut-être était-il simplement temps que ça s’arrête

dimanche 22 mars 2020 - Ce qui nous empêche

seulement voilà, ce matin on a vu venir de loin des centaines et des milliers d’êtres différents – peut-être étaient-ils sans langage et sans arme, peut-être sans objet, sans vêtement, sans coiffure sans atour sans bijou – sans ors et sans diamants – pierres précieuses rubis on attendait que les dieux se manifestent, on attendait de leur part un signe, un nuage, un rien mais quelque chose d’eux et au loin apparut comme une nuée – nous étions vingt et cent, nous étions des milliers – le soleil illumine la plaine, et eux se rapprochent – du haut de nos remparts, nous serrons nos armes, nous ne nous regardons plus, nous fixons au loin, sur l’horizon, au loin quelque chose qui bouge et qui vient – au loin est-ce le chaos ? Sur ce côté du monde cliquettent les claviers, sont fourbis les algorithmes qui feulent des uns et des zéros inlassablement et encore et encore et encore – sur ce côté du monde, souviens-toi l’année dernière, deux avions sont tombés, plus de trois cents morts, sur ce côté du monde

mais à présent comme nous nous retournons sur notre passé, eux se tiennent droits, ici, maintenant, présents et forts – je ne sais plus si ce fut l’un des nôtres ou si ce fut l’un d’eux qui commença par sourire – je ne sais pas si on nous avait avertis ou si nous étions seulement abrutis, hébétés choqués tout à coup réveillés brutalisés battus : je ne me suis pas vraiment réveillé– peut-être était-il simplement temps que ça s’arrête – que cessent les humiliations, les mises au banc, les évictions et les luttes – on a encore le droit de rêver, ce n’est pas interdit – le soleil se lève toujours à l’est, rien n’est changé – peut-être était-il simplement temps que ça s’arrête – les auspices du ciel : je m’assois, je regarde une ligne imaginaire franchie par un certain nombre d’oiseaux lequel m’indiquera l’avenir – déterminer les oiseaux : dans la légende de Rome (Rome…) il s’agissait de vautours – le temps de regarder quelques photos – la ville éternelle – neuf heures et demie, deux jours plus tard, au loin plus rien ne bouge – nous n’avions que toi sur la Terre, nous étions seuls au monde -