mobiles immobiles

journaux de vacances, voyages intérieurs

Accueil > Giens > Entre deux eaux

Entre deux eaux

samedi 19 août 2017

Une chambre peut être une maison et cette chambre et ce balcon d’où l’on voit la mer sont notre maison. Ma mère et ma sœur ne sont pas de mon avis, c’est pour ça que si on est dehors jamais elles diront, on rentre à la maison. Elles disent toujours, on rentre à l’hôtel. Parfois ma mère regarde au loin vers la mer et soupire, rien de tels que son petit chez-soi. Elle disait la même chose quand on revenait à bord du Kapossoca après avoir passé une journée à la plage. Seulement maintenant on pourra plus jamais revenir et ça avance à rien de regarder de l’autre côté de la mer. Mais si je contrarie ma mère et que je lui dis, on pourra plus jamais rentrer, notre maison existe plus, ma mère se fâche, tu m’ennuies, et moi, notre vie là-bas c’est fini il vaut mieux oublier la maison, oublier qu’elle te manque, il faut tout oublier, ma mère me demande de me taire, si seulement ton père était là, tu es devenu bien insolent, tu aurais vraiment besoin d’un père. Sur mon père je ne dis pas un mot.

Dulce Maria Cardoso, Le Retour, traduit du portugais par Dominique Nédellec, 2014

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.