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Éloge de la nage

mardi 30 mai 2017

Il y a ce qui se pense dehors, et ce qui se pense dans l’eau, de même nature que l’eau des rêves et qui naturellement en découle.
Dira-t-on que l’eau est trompeuse, sirène séductrice, fatale enjôleuse ?
Cette façon qu’elle a d’annuler les duretés du monde, de dénouer les conflits, de dissoudre les hostilités, d’effacer les discordes, les âges, les noms et les renoms, de résoudre tous les problèmes en un tournemain, en quelques battements de chevilles, cette manière en une seule plongée aveugle, de séduire l’âme, d’envoûter le corps, de promettre monts et merveilles d’initiation au mystère de la vie, non, sans doute, ce n’est pas sérieux.
N’empêche... Impossible de revenir sur terre maintenant comme si de rien n’était, comme si l’eau ne m’avait rien appris.

(...)

Je nage et je sens la méchanceté rendre une à une toutes ses armes, rancunes et revanches, je la sens doucement fondre le long de moi comme neige au soleil.
La vie n’est plus dressée contre la mort qui rôde, elle coule de source.

Annie Leclerc, Éloge de la nage (Actes sud, 2002)

lu par Céline

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