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Jour de fête

mardi 30 mai 2017

La fable, qui occupe trente secondes de Jour de fête, met en scène un facteur qui roule à vélo dans la campagne sur sa bicyclette, un faucheur qui le regarde juché sur le haut d’une pente, et une guêpe. Celle-ci, on ne la voit pas, elle n’est qu’un son intermittent, qu’un va-et-vient irrégulier de bourdonnement comme dans un bocal.
Nous avons donc, dans le découpage en deux plans de la scène, d’abord le facteur filmé depuis la route qu’il parcourt, et qui tout en roulant se met à faire des moulinets avec les bras pour se débarrasser de quelque chose. On coupe, et le changement de point de vue révèle un autre spectateur que nous, un faucheur en chemise blanche. Selon la bonne habitude tatienne, le regardeur figure de dos au premier plan dans le tableau qu’il considère. À la distance où il est, on entend le zzz... plus faiblement. Puis le bruit se rapproche d’un coup, et c’est au tour du faucheur-regardeur de s’agiter les bras. Enfin, sans couper, disparition du bruit, et au fond de l’image en contrebas, le facteur qui a de nouveau écopé de l’animal.
Moralité : il n’y a pas de place sûre à l’abri de ce que l’on regarde.
Moralité n° 2 : la guêpe, c’est l’objet du regard, c’est-à-dire quelque chose qui se déplace à toute allure entre le regardant et le regardé.

Michel Chion, Jacques Tati, éditions des Cahiers du cinéma

lu par Jean

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