Les villes passagères

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Une question d’angle de vue

vendredi 28 septembre 2018, par HS

A celui qui l’atteint au petit soir, après de longues heures de marche dans le bois de Grâce, la plaine des Nouveaux-Champs se présente vaguement construite, comme si de petits êtres venus d’ailleurs y avaient balancé depuis l’espace quelques blocs de matériaux composites. Ici et là, à la lumière jaune de l’éclairage public, on devine bien des routes, des immeubles, des arbres aussi, beaucoup d’arbres... Mais nulle trace de vie. Le vide appelle le silence. Au petit soir, au sortir du bois de Grâce, la ville semble surprise d’y trouver encore quelqu’un. Le marcheur fatigué n’ira pas plus loin que ce morne boulevard et couchera, dépité, dans l’Ibis Hôtel d’à côté.

A celui qui l’atteint au petit soir, depuis le volant de sa voiture, ce sont les mêmes rues vides qui se présentent à l’oeil ennuyé, c’est le même bain de lumière jaunâtre et à peine rassurante. Qui sait si cette brume n’est pas contagieuse ? La vitesse aide notre homme à prêter moins d’attention aux vilains immeubles, mais ne l’empêche pas de remarquer sur le bas côté un type à la mine ahurie, comme si tout le monde ici s’étonnait encore d’être là. Le vagabond le regarde passer, et leurs regards se croisent. L’automobiliste détourne le regard et caresse la boîte de vitesses. Il soufflera plus loin, rassuré de pouvoir quitter cette vaste station-service.

Tout désert reçoit sa forme des villes auxquelles il s’oppose.

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