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Le tempo de Naguya

jeudi 27 septembre 2018, par Éléonore Spaak

On arrive à Naguya de deux manières différentes : à pieds ou en TGV. La ville se révèle autrement selon qu’on y vient à petite ou à grande allure.

Par la fenêtre du train, la ville apparaît en une seconde. Les câbles pendent dans le ciel, les lampadaires scrutent fixement le trottoir, les immeubles s’ancrent toujours plus profondément dans le sol ; les voitures stationnent dans d’interminables files et les piétons foulent le pavé d’un pas nonchalant. Cette ville à l’arrêt se heurte à chaque seconde et offre au voyageur pressé une injonction à l’immobilisme.

Sur la terre battue du chemin sinueux qui mène à la ville, le pèlerin doit cligner deux fois des yeux pour distinguer le bourdonnement des piétons qui courent sur le macadam, le rugissement des voitures qui s’extirpent de ruelles trop serrées, le bruit entêtant des mobylettes, scooters, motos et tuk-tuks qui arpentent, inlassables, cette savane urbaine. Les immeubles, en bons rois de cette savane, se pâment haut dans le ciel et rient de ce fourmillement.

Toute ville reçoit son rythme du regard du voyageur ; et c’est ainsi que le passager et le pèlerin voient Naguya, ville équilibriste sur le fil du temps.

Bibliothèque Georges Perec

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