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L’optimisme de la vieille bougonne

jeudi 29 novembre 2018, par Mathilde Mendes

A supposer qu’on me demande, dans le cadre d’un cours de création littéraire qui ne semble encore auréolé de mystère que pour moi, atome bizarre et non classifié dans cette nouvelle classe, d’écrire un paragraphe ou même seulement quelques lignes, tant que cela répond à la consigne, à propos de ce diable d’écoquartier LaVallée, j’ignorerais sûrement quoi répondre d’élégant, d’intelligent, d’imaginatif ou de grandiloquent, sans passer par mon sempiternel « je ne sais pas », compagnon de plume intrusif et paresseux, sans décrire longuement une vaine utopie qui ne me laisserait de réel que des regrets, sans trébucher sur les topoï de mon imagination fauchée par trois longs mois d’été, sans me sentir mièvre en parlant d’espoir pour les générations futures, me demandant toujours s’il réside vraiment dans des rangées bien propres de maisons individuelles hors de prix, quelques cyprès, des parterres de tulipes, un champ de poireaux, des laveries automatiques, une paire de bureaux et de grandes baies vitrées éblouissant les passereaux, ou bien si les trottoirs bétonnés sont un signe d’égalité, si c’est chouette, pas d’écoles mais plus de circulation sur des routes grises et plus de temps de trajet le matin et le soir pour les enfants, mais je craindrais plus que tout mon cynisme d’écrivaillonne ratée, amère jusqu’en ses tripes, cette vieille bougonne qui choisirait, à n’en pas douter, le pessimisme qui donne l’air intelligent, malgré sa croyance profonde que, finalement, cet écoquartier c’est encore ce qu’on a prévu de mieux pour ce monde jusqu’à présent, et qu’un écoquartier, ça change plus la qualité de l’air que tout son sarcasme sur cette page.

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