Les villes passagères

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Dmz

jeudi 27 septembre 2018, par Luigi Montaz

Chaque individu rentrant à Maruselam sait qu’il y a deux manières, si l’on met de côté les moyens illégaux, d’y accéder. D’un côté, après d’interminables heures sur des routes de terre, l’on voit se dessiner la ville de ceux qui demandent le retour. C’est une ville désuète, poussièreuse, où s ’entassent des individus qui n’ont eu d’ autres choix que de quitter leurs terres fertiles et verdoyantes il y a plus de 840 lunes. On y croise des gamins en guenilles, des femmes emitouflées dans les tenues prescrites par la loi de Yollah, les hommes quant à eux se pressent le matin entre les ruelles surpeuplées ou l’on constate chaque matin quelle maison a été touchée par une météorite "la punition pour votre arrogance" comme disent les porteurs d’étoile, qui, patrouillant en tenue répressive dans les rues, se déchaînent parfois sur un enfant de Yollah à la pierre trop menaçante à leurs yeux de vipères. Tous les cailloux leurs appartiennent, et les stellaires seuls ont le droit de leur lancer des météorites. Pour les hommes de Yollah qui décident eux aussi de lancer une météorite sur l’envahisseur à l’étoile, une centaine s’abattera alors sur eux et leurs familles. Pour les autres, la seule porte de survie possible reste de se rendre dans l’autre partie de Maruselam.

On y accède, lorsque l’on est pas de yollah, par une vaste autoroute à l’asphalte brillante, entourée d’oasis verdoyants et d’échangeurs menant aux Kabitzs, les village d’où les spoliateurs à l’Etoile tirent leurs revenus, au milieu des fruits charnus, des fontaines de limonades et les practices de golf verdoyants, ou souvent ils s’entretiennent avec ceux de l’ouest les yeux. Maruselam est une ville chargée d’histoire, ou les étoilés ont imposé leurs lois imprescriptibles. La jeunesse débauchée dilapide les revenus du peuple de Yollah dans de fastueuses cérémonies d’où s’échappent les rires cruels des vainqueurs arrogants. Leurs énormes voitures polluent avec vaillance et détermination le ciel de la ville s’obscurcissant d’une noirceur égale au cœur des envahisseurs. Dans le centre des affaires, or, diamants, titres financiers et armes à feu s ’échangent, avec ceux de l’ouest qui ne voient rien et ceux du sud qui ne veulent rien entendre.

Toute ville se forme dans la communion et disparaît dans la division. C’est ainsi que l’adorateur de Yollah verra poussière et misère, et les étoilés verront l’herbe verte et les diamants.

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