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Le roman comme une forêt
vendredi 18 août 2017
Qu’il s’agisse d’une longue histoire de mille ou deux mille feuillets que je passerai des heures, pendant plusieurs années, à écrire petit à petit, ou d’une miniature de quelques pages qui pourrait tenir dans le creux de la main, le roman m’évoque une forêt. Les arbres y sont si serrés qu’aucune lumière n’y accède, la forêt si profonde que, en dehors de mes pas foulant la terre humide, on n’y entend pas le moindre gazouillis. Je m’aventure craintivement vers le fond de la forêt en grelottant, en écartant les feuilles piquantes, les branches pourries et les lianes entrelacées.
Si j’arrive à traverser ces buissons, je verrai peut-être le soleil ; si je franchis cet escarpement, je trouverai peut-être un lac d’eau pure. C’est ainsi que je me console.
Yoko Ogawa, La Bénédiction inattendue, 2000