Trouver une place

Situé en contrebas de la corniche où s’agglutinaient sur des kilomètres des files de voitures immobilisées par d’éternels embouteillages, le Sporting Club Swimming Center – son nom complet – avait des allures de retraite, de refuge de ville, comme il existe des refuges de montagne, où quelques aventuriers épuisés viennent trouver repos et réconfort (de nombreux habitants de la ville, les plus aisés il est vrai, n’avaient-ils d’ailleurs pas passé une partie des événements à l’abri dans les centres balnéaires de la côte ?).
On accédait au Sporting par une ruelle à sens unique bordée de containers débordant d’ordures et de chats crasseux avant de déboucher sur un large terrain vague faisant office de parking. Un voiturier s’empressait alors de vous guider et de vous désigner votre place, c’est-à-dire celle qu’il avait choisie, quand bien même des dizaines d’autres étaient libres et qu’aucun marquage au sol ne les matérialisait.

Emmanuel Villin, Sporting club, 2016