Atelier L’aiR Nu : à l’écart

Marais salant

jeudi 7 avril 2016, par Nadège Adam

Pouvoir sentir Sans tire
Marcher, laisser aller ses jambes, les dérouler
en allonger des kilomètres
sans rencontrer de barrières

quel plaisir
Ploc-Ploc
pou VOIR fermer les yeux,

S’égosiller
Pêter dla vaisselle en poussant des ptits cris aigus
chantant à tue tête

dire des gros mots : bordel de pompes de cul à chiotte
comme on est seul avec soi
le plaisir de parler à Jean Michel et Jean Louis mes amis imaginaires

faire des bruits avec sa bouche
gonfler ses joues, les dégonfler, les regonfler, tout ça recommencer et ensuite plus vite
et répéter comme ça pour devenir une marmotte

se rgarder dans une glace
en faisant ses exercices de prononciation
réapprendre à respirer
lâcher
prendre un bain de pieds chaud aux sel de mer
prendre plaisir à la justesse
fermer regarder
sentir le vide et l’accepter y prendre plaisir se dire oui à soi
voir quelqu’un et lui
sourire
parce qu’on sait combien c’est dur d’être esseulé

faire des pas
Sentir à la lisière et trottiner
ne plus avoir besoin de descendre en soi pour être dehors avoir enfin quitter le non lieu, être sortie de l’exil
simplement retrouver le goût des habitudes quotidiennes
avoir un quotidien et se dire c’est le sien
parce qu’on est pas dans Amélie Poulain bon dieu !
« oh regarde comme c’est beau ! » de ses visions édulcorées, un tour du monde pour voir du pays
les meilleurs versions de toi-mêmes, les conséquences.

Bref !la différence entre la pincée de sel dans une vie fade trop lisse

et d’habiter directement un marais salant

le grain contre la caillasse
pouvoir dire et ne pas croire que dire c’est se battre
déjà sans cadre, hors cadre
et passer outre
lâcher la majorité
Souffler
être juste
se souvenir un entretien d’embauche : on me demande « quelle est la chose la plus folle que vous ayez faite ? »
sécher la réponse,
Merde ! j’ai pas de ptit piment ! Pas de folie douce qui frait que je srai névrosée conforme
j’aurai du lui dire : payer douze ans d’études toute seule où on est mal accueillie sans avoir de foyer-home où retourner, trimer en chier comme une bête et continuer quand même, ça va comme réponse ? C’est assez fou ?
se prendre une gemme, un moellon de sel dans les pieds ,
le parpaing dans la vie, la météorite salée dans les salades

avoir l’impression de sortir de taule
baba ba balbutier
avoir honte sans plaisir

se faire ravir le verre d’eau où on allait se rafraîchir
quitter les malentendus sans rien devoir
rien dire parce qu’il n’y aura pas d’entente
abandonner le navire

sprendre les pieds dans le tapis
sourire comme une dinde
simuler un syndrome de la tourette pour faire de la place autour de soi
rincer le mur de la baignoire en faisant le jet de fontaine frout frout frout frout et tout imbiber partt sinon ça serait pas la salle d’eau

pouvoir s’automoquer de soi parce qu’on fait des erreurs
qu’on fait fausse route, qu’on se leurre
se moquer de soi-même
avec quelqu’un qui se marre, qui ne vous juge pas et rit aussi
qui vous redonne du jus pour le chemin
qui transforme les nan en oui

aimer aimer les choses simples si petites si infimes
même si on voudrait les garder pour soi
fermer les yeux et rgarder à travers
tous les ptits Oh OUI ! De la vie

Marais Salant, Nadège Adam