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Confinement jour 9, mercredi 25 mars : débroussaillage, exploration intérieure et bref retour de la radio

mercredi 10 juin 2020 - Ce qui nous empêche


Début de journée sportif. Lors du défi abdos - squats - pompes, le temps que je me place au bon endroit pour me compter parmi celles et ceux qui l’avaient fait, je suis passée de 7ème à 11ème : même confinés, les triathlètes sont matinaux.

Encore du grand beau temps, alors encore une partie de la matinée au jardin. Rejointe par l’Homme de la maison après un moment de crise. Notre sujet de discorde était : ne sors pas faire les courses, nous sommes censés être en quarantaine et de toutes façons c’est risqué, donc on attend les plus strictes nécessités pour s’y hasarder. Il est hélas indéprogrammable, tous les quelques jours, métronomique : "courses à faire". C’est impressionnant une telle capacité obtuse de résistance au changement.

Dans l’après-midi, à un moment donné, je regarde par la fenêtre en me disant qu’entre l’activité du Aldi (OK il y a un vigile depuis la veille ou l’avant-veille, OK il y a moins de véhicules au même moment sur le parking qu’en temps normal, mais cependant) et la circulation sur la route, beaucoup de gens semblant aller et venir du travail normalement, on aurait pu croire à une période habituelle. Et puis passe une voiture, le conducteur masqué.

En bons ingénieurs, nous avons fini par ... mesurer le jardin. Il fait donc, aux imprécisions dues au moyens du bord près : 7,83 m x 5,20 m avec tout un angle occupé par une jolie mais dangereuse (fibro-ciment donc amiante) cabane à outils. Par les temps qui courent, disposer d’une telle superficie est un luxe incroyable. Merci ma grand-mère, merci mes parents, et merci ma sœur qui m’a permis de racheter sa part d’héritage. Comme après le décès de mon père les ronciers avaient pris possession des lieux, je croyais ceux-ci beaucoup plus petits.

Je prépare paisiblement une brève intervention lors de l’émission de Libre Antenne spéciale tenir bon au temps du confinement qui est prévue sur Cause Commune au créneau horaire habituel de Côté Papier. Je me demande ce que ça donnera techniquement. Mais finalement, avec le téléfonino, le son est bien passé.

La sieste est brève grâce au boss de mon co-confiné qui l’appelle, même s’il n’y a pour le moment pas de travail effectuable. L’appel dont j’ignore la teneur, lui a plutôt remonté le moral. Peut-être la confirmation du chômage partiel qui permettrait de toucher un salaire pour cette fin de mois. Nous étions dans le flou jusque là.

J’en profite pour amorcer quelques rangements et dans un carton qui, pourquoi celui-là, était ici et non dans un des box de stockage, je retrouve d’anciens films super 8 - pourrais-je un jour les revoir ? - et ô joie, une revue de presse ... des années 1984 à 1986. Étrange situation du confinement, soit dit en passant : les box de stockage, remplis des cartons du déménagement des affaires de mes défunts parents, sont à 1 km environ, peut-être un peu plus, sans doute un peu moins. Tant que le confinement est en vigueur, y aller est exclu. Pour la mer (10 km), on n’y pense même pas.

Ça y est, le cap de devenir prudents quant à la fréquentation des réseaux sociaux car les annonces de tomber malades s’y succèdent sans que l’on puisse y faire quoi que ce soit, est franchi. Même si la plupart des malades que je connais sont dans les catégories symptômes légers à costauds mais soutenables, c’est difficile. Et avant tout, bien sûr, pour les principaux intéressés. L’Homme se pose vraiment la question de quelques soirées où il s’est senti mal il y a deux semaines - je me console de l’absence de tests disponibles au niveau national, pour son cas précis : même s’ils l’avaient été il ne serait pas allé se faire tester, préférant jouer les drama queens as usual, à se poser de façon lancinante la question de Et si ? -.

Le Prince Charles est atteint. Ce virus n’épargne décidément personne. La reine irait bien.

Belle séance au parlement ... italien.

Vers 22h une scène étrange à laquelle j’assiste par la fenêtre arrière : une voiture de gendarmes qui poursuit un autre véhicule, vers le quartier des maisons blanches préfabriquées. Gyrophares. Des cris : Arrête-toi ! Mais arrête-toi ! et j’ai le temps de me demander s’il s’agit d’une sommation. Puis je vois quelqu’un en uniforme arriver en courant et remonter dans la bagnole aux lumières bleutées. Je ne saurais sans doute jamais ce qu’il s’est passé. Quelque chose d’inhabituel, oui, une course-poursuite, ça semblait évident. Mais de quoi s’agissait-il ?

À 19h30 les cloches ont sonné. Pendant dix minutes d’affilée. J’ai heureusement trouvé l’explication car j’ai beau être mécréante, j’avais pigé que quelque chose d’inhabituel se tramait.

Bonnes nouvelles des enfants. Notre fille devait aller à l’hôpital (prévu de longue date, traitement chronique indispensable), que la forte fréquentation du métro a impressionnée. Ainsi qu’une longue longue longue file d’attente devant la poste. Mais tout s’est bien passé.

Statistiques : 451 355 cas (dont : 20 499 morts et 112 982 guéris)
source : Coronavirus COVID-19 Global Cases by John Hopkins CSSE