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Taysir la ville aux mille miroirs

mercredi 26 septembre 2018, par Dariya

Miroir brisé dans l'herbe

Les étrangers reviennent de la ville de Taysir avec des souvenirs précis : un miroir brisé sur une pelouse verte, deux tasses solitaires sur le bord d’une route sans passants, un manche de balai rouge dans une poubelle publique. En réalité, les miroirs sont faits pour être brisés par une amante qui s’est tuée dans un fleuve sombre et boueux, les tasses abandonnées sur le bord des routes sont destinées aux créatures nocturnes en quête des restes inutiles des vivants et les manches de balais éclaboussés de sang finissent inexorablement dans les poubelles publiques après avoir servi de lance de combat entre gangs rivaux. Flotte une impression de solitude et de violence.
Mais sous ce destin terrible, la ville de Taysir n’est pas ce qu’elle est.

J’écris "En réalité"...mais quelle réalité ?
Car moi, je n’y ai vu que clarté, tranquillité et verdure : des bacs de fleurs qui s’épanouissent le long du chemin au passage des écoliers, un panneau de signalétique flottant dans une bulle comme dans un rêve, de fragiles brins d’herbe qui fissurent le béton. Pourtant, ma vision est-elle plus vraie que celle d’un autre ?

Une ville s’imprime d’une certaine manière dans notre mémoire, et souvent, nous y voyons ce que vous voulons voir, dépendant de notre état intérieur, de nos souvenirs, de nos désirs et de nos craintes. Ainsi Taysir est la ville aux mille miroirs, et chaque regard y façonne une réalité propre qui, paradoxalement, nous échappe sans cesse.

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