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La surprise de la Marne

lundi 28 janvier 2019, par Gaëlle Leborgne

Je suis toujours étonnée par l’effroi que m’apporte l’entrée dans la station de RER de Nation. La même pensée me vient chaque matin, à savoir que si ce gouffre souterrain a été façonné à l’image de cette "nation française", celle-ci a décidément du souci à se faire. Courants d’air décoiffant, hordes de parisiens se ruant devant les portiques automatiques avant de se serrer dans des cagettes roulantes en direction de Val de Fontenay, pestant lorsque le bip permettant de délivrer le voyageur ne se fait pas entendre et que l’on se surprend alors à frapper son pass Navigo contre les automates comme un coucou sur sa branche.

Pourtant le design n’est pas si affreux. Il pourrait même posséder un certain charme, avec ses faïences colorées pouvant presque passer pour rétro, le Graal du style au XXIème siècle. Si j’étais dans un autre pays, je leur aurais sûrement trouvé un charme inouï, mais on est toujours affreusement critique avec les choses auxquelles on appartient.

L’arrivée sur les quais dont le design étrange des assises tient cette fois plus à l’impossibilité pour quiconque de s’y allonger plutôt qu’à un quelconque caractère vintage, achève de me questionner sur la véritable raison pour laquelle je me retrouve là, chaque matin, à me serrer comme une poule en batterie comme s’il n’y avait nulle part ailleurs où me rendre sur cette planète.

Après quelques problèmes de retards annoncés au micro qui me conduisent à saluer le caractère vocationnel du service public français, je monte finalement à bord du train tant (ou si peu) attendu. Mais alors que je m’apprête une fois de plus à pester intérieurement contre tout ce tintamarre, mon wagon se vide soudainement.
Val de Fontenay est passé. Et un nouvel espace s’ouvre à moi.

Mon regard peut désormais porter au-delà du visage apeuré de mon voisin afin de s’installer sur ce qu’on appelle communément des sièges. Éblouissement de l’âme ! Les wagons sortent carrément de leur prison souterraine pour circuler sur des rails aériennes où j’ai tout le loisir d’observer la vallée de la Marne et de lui trouver, finalement, un certain charme à elle aussi. C’est alors que l’idée d’ouvrir mon sac me vient à l’esprit. Le bruit rassurant de la fermeture éclair qui s’ouvre, ma main qui sort le livre et l’idée, quasi obsessionnelle, de savoir si mes compagnons de voyage essaient ou non de lire le titre de mon ouvrage. Placer mes mains sur la première de couverture en fonction du titre en question et, finalement, oublier toutes les horreurs énoncées intérieurement à propos de ce RER, pour mieux les reprendre le lendemain matin.

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