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3 avril

dimanche 5 avril 2020 - Ce qui nous empêche

Au moins, je sais que je n’ai pas d’anosmie. En ai-je eu avant de connaître l’existence et le nom ce symptôme ? Les odeurs fortes des arbres en fleur, nombreuses et variées, saturent l’air. Puis, approchant de la Marne, une autre odeur, moins haute, qui sous-tend le reste, une note sourde de terre, peut-être de sous-bois. Les oiseaux chantent et les chauve-souris silencieuses. Dans l’eau un remous parfois, poisson gobeur ou oiseau pêcheur ? Personne aujourd’hui. L’ISS cachée par les nuages. Un cycliste passe avec un phare à LED, sans la dynamo de l’enfance et son bruit de frottement qui augmentait l’effort. Un scooter file bruyant à lente allure. Mais cette odeur, forte, inédite ici. En début de semaine aussi j’en lisais plusieurs sur Twitter qui respirait une odeur, puissante comme du fumier, une odeur inhabituelle de terre. Ce serait le moment de procéder à quelques relevés, enquêtes, études scientifiques à ce sujet. On lit partout "la nature reprend ses droits", "les dauphins s’approchent des côtes", "les canards marchent sur Paris", etc. Les pestiférés jettent un œil au-dehors et longent les murs.

Dans la nature des rues désertées, la police reprend ses droits.

Dans la nature des rues désertées, la GoogleCar reprend ses droits.

Dans la nature des rues désertées, la dette privée se prépare à se faire nationaliser.

Dans la nature des rues désertées, les congés forcés et le chômage partiel commencent à reprendre leurs droits.

Dans la nature des rues désertées, les drones de surveillance reprennent leurs droits.

Dans la nature des rues désertées, l’économie qui doit continuer à tourner attend son heure.

Dans la nature des rues désertées, le boursicoteur reprend ses droits, et erre nu, se nourrissant de racines de parcmètre.

Dans les villes désertées, les Roombas quittent les maisons empoussiérées et reprennent leurs droits en glissant-pivotant dans les rues.

Dans la nature enfin libérée des humains, les antennes relais et les éoliennes reprennent leurs droits, gambadent paisiblement, et s’accouplent dans de grands fracas métalliques qui égayent ce début de printemps.

Comme Quentin, j’ai envie de simplifier la mise en page de mon site. Mais que de code PHP à prendre en compte, entres la patine, le vernis, les nuits...