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Confinement jour 18, vendredi 3 avril : La dépollution du jardin s’achève, bonnes nouvelles de mon entourage, mauvaises du monde

vendredi 19 juin 2020 - Ce qui nous empêche

C’était désormais la routine d’une journée sports et jardin et franchement, notre contribution personnelle à l’élan national puisque tel est ce qui nous échoie : restez chez vous, ressemble à la dolce vita tant que nous allons bien et que nos proches ne sont pas gravement malades (apparemment, ça va).

La phase de dépollution du jardin est terminée. Il ne me reste plus que quelques ronces à enlever et bien ratisser tous les branchages. Couper les dernières branches mortes du sureau. Mais à présent ça semble bon : plus un seul sac en plastique ou bâche, plus (au sens de = 0) de déchets venus de chez les voisins (une bouteille de lait vide par exemple, emballage encore intact, récente). Pour fêter cet accomplissement et sur une indication de Sylvie, j’ai inscrit le jardin à Oiseaux des Jardins et je compte bien faire mes petites observations. Dix minutes de calme et d’attention, peut-être une fois tous les deux jours, par exemple.

Pour le sport : short morning run (notre petit circuit de 3,44 km en 24 minutes dans la mesure de la légalité et à 8 h du matin afin de ne croiser personne ou seulement de loin, un promeneur de son chien), le défi abdos - squats - pompes et au soir la séance Tabata qui nous secoue mais nous met en joie. Aujourd’hui c’était abdos - fessiers. Je ne serais jamais assez reconnaissante à la famille Pourrat en général et à Romain en particulier pour cet effort qu’ils font et qui nous permet de rester sans se perdre totalement, et en bonne forme. Il explique bien, il encourage joliment, c’est un bonheur.

Le temps du travail au jardin, le temps de l’effort physique intense, l’épidémie est tenue en respect. Elle n’occupe pas toute la place mentale.
Suivre les informations sur les journaux et les chaînes italiennes permet aussi de garder un certain moral. Contrairement à la France on a l’impression qu’ils essaient de sauver les gens, y compris de la dèche induite. Et que vraiment le gouvernement ne se moque pas du monde. Ça n’empêche pas l’horreur d’être horrible et ressentie comme telle. Seulement, ça évite d’y ajouter la colère.
On y voit même un ministre de l’économie qui met en place une aide pour les familles dont la principale source de revenus arrivait par du travail au noir, en expliquant : Ça n’est pas bien que ça existe mais puisque ça existe et que ces personnes, confinées, n’ont plus aucun revenu, ni filet de sécurité, il faut les aider, hé bien je trouve ça beau. On se rappellera qu’en Italie ils avaient tenté de traiter le peuple avec humanité.
Le Pape François fait un sans-faute, se comporte en expert de la com’ (images inoubliables, et il fait ce qu’il faut pour en particulier sur les réseaux sociaux) et de la prise de parole sociale.

Il ne faut pas se voiler la face, même si de ma petite maison de confinement j’ai depuis deux jours la nette impression que les gens circulent presque normalement (1). Le chemin est encore long, très long, et la mort rode en permanence. Je commence à connaître non seulement énormément de malades - la plupart guérissant en ce moment d’ailleurs, après des jours vraiment de souffrances, mais chez eux -, mais aussi beaucoup de personnes qui ont perdu qui des grands-parents, qui un parent, qui un oncle et qui un frère ou une sœur. Ces deux catégories familiales étant apparues récemment, signe que le virus élargit son champ d’action. Comme il fallait s’y attendre, les échanges de blagues en mode Tenons bon ont diminué devant ceux de condoléances et témoignages d’amitiés et de soutiens.

J’avais, pour la première fois depuis l’épidémie, fait des cauchemars la nuit dernière (peur pour ma mère, réveil, ouf elle est morte depuis un moment ; peur pour mon fils réquisitionné (?!) ...) j’espère passer une meilleure nuit. L’accident mortel de samedi continue de peser son poids, même si je reste au cours de la journée ponctuellement plus longtemps sans y songer. Je ne sais en tout cas regarder par la fenêtre de devant sans y penser.

J’oubliais : un salaire a été versé à l’Homme de la maison pour mars ; certes inférieur à ses émoluments habituels mais vraiment rien d’inquiétant. Grand soulagement. Et pensées pour les personnes dont le confinement réduit gravement voire éteint, les revenus. Nous ne sommes pas à plaindre, nous, vraiment, protégés financièrement par des filets de solidarité sociale dont le montant est en rapport avec nos activités salariées préalables.

(1) Parking du Aldi garni et circulation sur la départementale.

Statistiques : 1 083 084 cas (dont : 58 243 morts (6946 aux USA) et 225 422 guéris)
Source : Coronavirus COVID-19 Global Cases by John Hopkins CSSE