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feu mélico

vendredi 3 avril 2020 - Ce qui nous empêche

le texte qu’écrivait Aldo Moro dans son six mètres carrés de confinement – ce mot plutôt pourri – tu sais comment ça s’est terminé, le 9 mai son corps revêtu de son costume foncé, sa chemise blanche mais sans sa cravate, peut-être avait-il un peu maigri les jambes repliées dans le coffre de la 4L rouge immatriculée Roma NS 7686 – sur l’image : à quoi peut bien servir cette précision dans le détail ? et le numéro du châssis ? à presque équidistance de la piazza del Gésu et de la rue des Boutiques obscures - ce texte était intitulé Mémorial (un mail à la matrice du treize-onze) (add. du trois quatre vingt : zéro réponse) – Kissinger qui laisse faire (Aron, Ray, dont on lit les mémoires, ne dit pas un traître mot d’Aldo Moro : on voit le bord sur lequel il se tient) - la question de savoir si on intitule du mot de terroriste les gens des Brigades rouges : l’humanité, cette espèce qui se cherche, qui s’honore (les élites politiques italiennes s’intitulent entre elles « onorevole », ici on donne du « président » à n’importe qui), dans une certaine dignité, les rôles qu’il lui faut tenir, le tragique de ce garage, ce matin du 9 mai soixante seize et la mitraillette qui s’enraye – le film de Bertolucci (non Bellochio) je crois à ce sujet* – pas vu ça viendra - vu Le traître cependant - « kick your shoes off » dit la chanson magnifique (« I’ll be your baby tonight », tu sais que parfois le nobel assure quand même un max – ou alors envoie grââââve du pâté – ou du bois c’est selon) chantée par Norah Jones, retrouvée dans les musiques que mes filles ont enregistrées (« that big flat moon will shine like a spoon » aussi, remarque) du temps (rare) où elles restaient seules à la maison probablement – les parents au boulot des années deux mille) – l’accident avec Leboeuf lancé à 3 à l’heure au rond-point carrefour Dunkerque-Trudaine-Rochechouart -
* : « Buongiorno, notte » (Marco Bellochio, 2003) ; (add. du deux quatre : le Chasse-Clou vient de m’informer qu’il possédait le disque du film – on en prendra donc connaissance bientôt)

je dispose de deux mardis 24 mars dans ce texte – la numérotation, la pagination, le travail du scribe – l’association libre – adoré lire ça :
« Je suis née à 4 heures du matin, le 9 janvier 1908, dans une chambre aux meubles laqués de
blanc, qui donnait sur le boulevard Raspail. »

Elle s’achève 2 500 pages plus loin sur une autre, très mémorable, écrite en 1980 juste après la mort de Sartre :
« Sa mort nous sépare. Ma mort ne nous réunira pas. C’est ainsi ; il est déjà beau que nos vies aient pu si longtemps s’accorder. » Simone de Beauvoir
(cité dans un numéro de « En attendant Nadeau » de 2018 relatant une critique des deux tomes gigantesques de la biographie de cette autre Simone qu’on aime tant) (à ce propos j’ai retrouvé tous les fichiers de mélico, dont celui de l’entretien avec Simone Mussard, l’une des premières libraires de la fnac livres (première du nom) de la rue de Rennes, qui vivait sur le boulevard Raspail, rez-de-chaussée sur petit jardin – que je vois, ici, maintenant et je me revois avec mon amie Mijo allant la trouver et nous entretenir avec elle – de même que je me souviens de ma rencontre avec Marie-Claude Char, au café Bonaparte non loin de chez Jean-Paul Sartre soixante ans avant, dans le même bloc (ou pâté de maison) où vivra ensuite Marguerite Duras) (mélico – cette mémoire et ce gâchis - ça me blesse tellement si tu savais)
et tous les artistes venus là en résidence soit Anne Savelli (et les Oloés à (re)paraître chez publie.net), Philippe Annocque, Thierry Beinstingel, Pierre Ménard, Martine Sonnet -

tout ça en italique – tout ça retrouvé sur le disque dur – le truc a du bon (il y a probablement toujours quelque chose de bon à tirer de quelque événement) : on prend du temps pour faire ce qu’on doit faire et qu’on remet toujours à plus tard -