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les guêpes

mardi 12 mai 2020 - Ce qui nous empêche

Mardi 5 mai 2020.
dans le cerisier, hier soir, des milliers de guêpes (peut-être seulement des centaines - regardant les deux autres, des centaines de guêpes, j’ai l’impression) – étaient-ce des guêpes ? - la petite panique des piqûres de guêpes, le souvenir de celles de Croix-Valmer aussi – et de Carthage (tellement loin) – vers deux, la pluie a commencé et malgré tout, j’avais (comme Adamsberg je suppose) le sentiment que les guêpes tournaient sans trop de bruit au début, puis un peu plus ensuite – je me suis endormi me suis réveillé à nouveau vers trois, puis quatre – la pluie tombait, les guêpes avaient disparu, plus ou moins, je les entendais encore en rêve – le ciel noir ou gris : on a réduit les éclairages nocturnes dans la ville – pourquoi ne pas généraliser la pratique ? la peur probablement – il y avait aussi cette autre pensée en rêve peut-être qui s’enfuit aussi vite qu’elle est venue – l’une de mes filles qui me dit que l’autre se bagarre (ou « se chamaille » ?) avec son ami.e –

hier aujourd’hui demain - les fleurs du jardin, la sensation que le monde ne change pas, les peurs angoissantes et les répits de la nuit - on dort bien sauf si la lune - on dort et les rêves s’en vont - il fait froid, personne ne bouge, les mères sont à bout, les pères trépignent - tout doit rester pareil : à l’hôpital, à la caisse, dans les camions ou au cul des bennes - rien à foutre - hier aujourd’hui demain : on les applaudissait, tu te souviens, les policiers à la fin 2015 - (à l’image quelques fleurs)

un de ces jours-ci - hier ou demain, je ne sais plus – Moretti va vers huit heures du soir téléphoner au domicile d’Aldo – il va tenter d’influer sur le cours des choses, de convaincre que l’échange du président contre treize terroristes des brigades rouges incarcérées peut se résoudre à un contre un, qu’ils (ou qu’elles plutôt, ces brigades) ne demandent qu’un geste – geste qui concrétiserait certes leur existence politique (à ces brigades) comme force politique mais qui épargnerait la vie d’Aldo – au bout du fil, le gendre d’Aldo pleure, ou est-ce sa femme, enfin quelqu’un – il parle à quelqu’un d’autre, il doit se dépêcher : la police a localisé la cabine d’appel, dans la gare Termini de Rome, il raccroche se perd dans le jour qui s’en va – rien à faire – Kissinger n’a rien à faire, rien à dire (il a cependant, très certainement, aidé à la manœuvre : résultat : Aldo sera mort dans cinq jours d’ici, et trois ans plus tard, un tel "compromis" sera historiquement scellé en France) ) : ainsi que fo pétain en quarante acceptant et devançant les ordres des nazis, l’État italien, le pape, et peut-être même de nombreux habitants du pays, tout ce monde-là n’en a rien à faire de la vie d’Aldo vu qu’il en avait consacré une part à un rapprochement avec les communistes, compromission historique probablement : l’horreur est de penser que les communistes eux-mêmes étaient les plus virulents à agir contre quelque tractation que ce soit avec les brigades – Aldo, agenouillé, prie les coudes sur sa couche -