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soixante deux ou trois (et une petite moto)

samedi 25 avril 2020 - Ce qui nous empêche

l’appel des appels et le mail général de Roland Gori,dont on retiendra deux adresses ici pour le soutien, neutre et bienveillant, et gratuit
pour la région de la Méditerranée
là le même soutien psychologique pour l’Île de France

je me rends compte que ce message passerait dans une semaine si je n’y mettais bon ordre – il sera du jour – c’est la raison du pourquoi des deux billets conjoints du jour – de ce côté-ci du bazar, en tout cas, zéro nouvelle des amis des cheveux blancs (ils n’ont pas besoin de moi, certes) (j’aurais essayé)

pas sûr que je l’enlève pour la suite – c’est égal, j’ai tort de haïr à ce point le bricolage : je ferais mieux d’aimer ça, il m’occasionnerait un certain plaisir – trop de maladresses – pourtant des images de limage de culasse qu’on pratiquait, la Malaguti d’un type qui vivait pas loin dans les garages coiffé comme Dick Rivers mais blond – sans doute des vestes à revers en satin noir ou en velours seulement – rue Camille Desmoulins et la perpendiculaire à l’épicerie Coop Saint-Saëns Camille aussi - le quartier – les amis - et les autres aussi – il y avait ce café où on jouait au baby foot et au flipper (je me souviens des tables de jeu – on dit game-play c’est plus fun) – la femme qui tenait le bar et son mari qui boitait roux – ils ont vendu, acheté un autre bar non loin de la macu (la maison de la culture dans le langage du coin) à drotie la rue qui descend, les immeubles appelés les ZIZA I où vivaient les Bombard (le héros de l’eau salée, du zodiac, du ministérat de un mois et un jour – on se souvient de la chasse à courre, oui) - il y avait alors cette chanson de Michel Delpech intitulée Laurette – il y avait des poivrots, l’un d’eux, un mec maigre dont les canines déviaient, jeune pourtant, probablement l’âge de mon frère, qui disait que l’izarra (ça existe encore crois-tu ?) était une « liqueur à base de poils de couilles de juif » en riant sans doute parce que c’était drôle et qu’il savait que de mon frère j’étais le frère, cadet, certes, et qu’il savait que je l’étais : il ignorait sans doute que je ne l’étais que pour les antisémites, dont il n’était pas vraiment : je lui ai souri en lui souhaitant un bon pastis (qu’il buvait double) – qui jouait au baby-foot assez bien avec son ami qui conduisait sa malaguiti le rocker, qui jouait aussi au baby-foot – il est à peu près certain que le tennis (auquel je jouais par ailleurs, au club sitié dans le haut de la rue où vivait mon ami de cinquante ans) (mal) (j’y jouais mal, dis-je) et l’usine m’ont tiré de ce mauvais pas – ces gens-là qui doivent vivre encore, d’autres encore immondes saloperies comme il y en a partout, plusieurs frères, l’indignité de leur « chasse aux pédés » dans les jardins qui bordent le cirque en dur, juste à côté du cabinet de l’orthoptiste oui – ce cirque loué par l’entreprise pour le Noël des enfants des salariés, un Noël soixante deux trois ? – une fois le cinéma parce que ma mère aimait ça (la famille fenouillard il me semble) – une autre fois ce même cinéma loué par l’entreprise pour le Noël des subordonnés salariés prolos et autres sans doute sans mélange, je ne sais plus -

add. du 25 avril 2020 : il n’était pourtant pas question de marquer quelque chose aujourd’hui, mais cette date où, vers minuit et quart si je me souviens bien, retentit à la radio "Grandola, Vila-Morena" - réunissant par là et la radio (ici Nu) (qu’on aime) et la chanson (qu’on aime tant, aussi bien), cette date ne peut être écrite sans référence à la même d’il y a quarante six ans d’ici, de 1974, alors pour Lidia Jorge, pour Antonio Lobo Antunes, pour ces amis Portugais, pour le Tage et les clés qu’on y jette après avoir fermé des portes, pour les paroles tues, et celles, dites, pour bien d’autres choses encore - et malgré le wtf business as usual que tente d’imposer au monde l’ordure dont ont émanés le colonialisme et ses avatars contemporains (en l’espèce cette saloperie de virus) - un grand salut et des embrassades d’espoir quand même : tout reste possible, il suffit que nous le voulions.