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Sur Ivan Oroc : chapitre 16

jeudi 2 avril 2020 - Ce qui nous empêche

« Là, c’est un point noir qui court, on pourrait penser à un chien si on n’était pas si loin de toute habitation, pas la moindre grange aperçue depuis des kilomètres, rien que l’uniformité des champs sans même un tracteur. Le point noir court en direction de la route, non pas la course sautillante d’un lièvre ou l’hésitation prudente d’un renard, c’est avec détermination, rectitude que la tache sombre se rapproche en traversant l’étendue. Un chien, oui, mais qui irait diablement vite. On distingue maintenant la forme du dos, le battement des pattes : trop gros pour un chien. On se rapproche encore et la tache aussi, devenue, bille, balle, ballon qui enfle dans le coin du pare-brise. On va chacun à sa rencontre et, au moment où on le constate, on réalise aussi la chose maintenant munie de pattes, sautillante par-dessus les moignons de maïs coupé : c’est un sanglier, masse sombre, échine courbe, épaules rentrées (l’expression foncer tête baissée). »*
* Bestiaire domestique, Fayard, 2009, p. 165.

Sur Ivan Oroc : chapitre 16

Bruitage : horloge René Herment, XIXème siècle, époque rimbaldienne.


Voir en ligne : Feuilles de route