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Cergine

mardi 13 novembre 2018, par JS

À Cergine, la langue des choses n’est pas celle que tu crois.

Si tu aimes ce pays, tu vas à Cergine pour y faire vœux d’union dans le grand bâtiment de la Préfecture, la Pyramide inversée en granit de Cerclade, au milieu de la grande Dalle. Mais on n’y demande pas tes papiers, ton nom, on ne regarde pas ton visage. On te propose de monter à bord d’une barque et de descendre un fleuve noir sans te retourner et la sentence si tu le fais se perd dans le bruit infernal des remous glacés.

J’ai préféré faire demi-tour et m’adresser à l’Office de Tourisme. Là on m’a fait entrer dans un ascenseur en m’indiquant le bureau AF-14, où un ordinateur m’attendait, j’ai dû cliquer sur des milliers de visages avant de pouvoir sortir, la machine a indiqué "apprentissage terminé" et m’a remercié de ce que je lui avais fourni. Je me suis retrouvé à nouveau sur la Dalle avec une pièce de monnaie dans la main.

J’ai compris qu’il fallait que je change de méthode pour aborder la ville et la comprendre et surtout la quitter car quelque chose ne m’y plaisait pas. Dans le grande centre commercial où errent les bannis de la ville j’ai trouvé la clé du Stade. C’est là que j’ai lu les œuvres complètes d’Annie Ernaux, sur la pelouse aux côtés de tous les athlètes de la lecture. Ce qui m’a valu une récompense de plusieurs milliers d’euros avec laquelle j’ai pu acheter pour rien un ticket de RER.

Bien mal m’en a pris, le RER, à Cergine, ne quitte pas la ville. On m’a mit entre les mains une pioche, le train s’est enfoncé dans la forêt jusqu’à la carrière d’où l’on rapporte la pierre qui fait vivre la Dalle.

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