Les villes passagères

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M.G.S.

mercredi 26 septembre 2018, par Luigi Montaz

Midgar est sortie de terre grâce à l’imagination délirante d’architectes qui hantaient encore les mairies il y a deux décennies. Il n’y avait pas un seul espace vert de prévu, alors les habitants avaient décidé de s’en créer eux-mêmes. On y voyait des pins crachant du feu tel des torchères de gaz. Les individus vivaient sur du gaz, les explosions y étaient fréquentes. Pour couronner le tout, les rivières sont en réalité constituées de peinture acrylique qui finit par sécher et forment une immense mer de produits chimiques au milieu des arbres gaziers. À cause des installations gazières, l’électricité rampe dans des tuyaux au sol, qui grimpe aux murs tels des lierres abandonnés aux éléments. Surtout, ne pas les toucher, ou vous allez griller. Pour le compte d un président moustachu ayant un fort intérêt pour le gaz, j’ai du malheureusement m y rendre. Les arbres crachaient vraiment du feu. D’ailleurs, tout pétait le feu. Les gens, les animaux et les plantes autour de moi. Devant les pyramides centrales ou siégeaient les trois ministères de la répression, de la pollution et de la corruption, il y avaient tous ceux qui ne pétaient plus le feu. Comme carbonisés, ils attendaient devant une grande porte béante derrière le bâtiment des maîtres de la ville.

La compagnie Shinra, qui aspirait l’énergie vitale de la planète. Après ce long voyage en train de marchandises, j’allais enfin rencontrer le président Shinra. On m’a dit qu’autrefois il avait une autre ville, mais il l’a vendu à une souris parlante américaine pour se faire du fric. Puis le dragon Bahamut détruisit cette ancienne Sodome. On raconte qu’il fut un oiseau autrefois. Dans cette ville il y avait aussi un château, et des champs. Le président comptait les chiffres. "75% de pauvreté, 90% d analphabétisme ! On peut faire mieux, on peut faire mieux !" — "Tuons ces masses pour en faire du gaz", hurlait il le visage crispé de malhonnêteté et de décadence. "Débarrassez-moi de ces saloperies !"

De quelles "saloperies" parlait-il ? De la pollution qui étouffait les rues ? Des politiciens véreux comme le terrible Balkanus ? Non. Il voulait que j’en finisse avec toutes ces personnes qui ne pétaient plus le feu. Alors, je m’éxecutai, et lançai mon souffle divin sur leurs corps de cendre.

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