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lundi 11 mai 2020 - Ce qui nous empêche

Lundi 4 mai 2020
un peu de Gilles Deleuze sur l’art indiqué par ma fille, repris par ana nb – conférence du tordu du cigare à l’université de Louvain – « l’information c’est un ensemble de mots d’ordre où on vous dit ce que vous êtes censés penser » - limpide (on appelle ça les actualités)

crampes d’estomac mal de crâne, dehors on promène le chien

on est déjà demain – le pire – le mieux - serait peut-être qu’il ne se passe rien – il n’y a jamais eu de morts, il n’y a jamais eu de virus, c’était juste une répétition générale avant le grand (pourquoi grand ? même pas, médiocre, moyen à peine) changement de mesure, de paradigme, de communication – les arts seraient foutus à la poubelle mais on ouvrirait quand même la nouvelle resucée de la bourse de commerce – la municipalité était heureuse de l’accueillir par un bail emphytéotique de 99 ans probablement (ne pas faire de jaloux : un autre multi-milliardaire bien de chez nous avait obtenu le même genre de caresse, pour implanter son « musée » dans le bois du seize) pour cette collection mirifique – la foire internationale d’art contemporain y avait déjà eu lieu, entre autres certes, mais on restait entre soi – et c’était tout à fait normal, seulement bien sûr il faudrait que les choses soient protégées – évidemment, des œuvres inestimables – je me souviens avoir lu quelque part que durant ce que les historiens (de quel bord sont-ils donc ? d’aucun ? allez ...) nomment « la semaine sanglante » devant la poussée des Versaillais (les armées de l’ordure Thiers) les communards brûlaient les bâtiments, en allant vers l’est – la rue de la Fontaine-au-roi, un jour, vit venir à elle fut-ce un édile, fut-ce peut-être un auto-étiqueté socialiste, afin d’y commémorer cette commune-là, cette dernière barricade-ci – ici, là, qu’importe ? Il faut communiquer – mais oui, de nos jours on a peur – la mort, la maladie, la souffrance, oui, quel beau rempart – aujourd’hui, on est en bonne santé, mais demain ? reprendre le harnais le joug pour qui et pour quoi faire ?

Une espèce de tradition, plutôt nordiste – je me souviens de la première apparition des Gilles dans l’univers d’alors : ils tiennent aussi de ce folklore – je me souviens aussi du Corso fleuri, des chars qui défilent dans la ville – cette espèce de tradition, le carnaval : libre cours aux fantasmes, sous couvert de faire la fête, laisser faire la libido, sûrement – cette horreur alors, je devais sans doute parvenir à la puberté, puis ensuite, il y avait durant un mois la foire sur les boulevards – la Saint-Jean, tout ce qui est lié avec la France, mais à la jeunesse aussi : cette façon de vivre différente – le froid peut-être déjà – mais les institutions, le zoo, la Hotoie, la gare Saint-Roch, le train au fuel qui va à Calais, la tranchée de son passage en bas de la rue, la maison de Jules verne, la statue à la Défense Passive (ces mots que je ne comprends pas ; ces gens que je n’aime pas – ce manque d’empathie, puis, après quelques mois, années peut-être, avais-je des amis en primaire, à l’école ?sans souvenir) – plus tard, ceux de la rue, qui étaient les mêmes que ceux du tennis ensuite, puis ceux du lycée – mais aux premières années, non – lorsque ma mère s’en allait à Paris, elle prenait le train de huit heures, on allait à l’école seuls - mes seuls amis étaient mon frère et mes sœurs, les seuls êtres au monde de mon genre – les parents étaient ce qu’ils étaient (on les adorait, certes) : des adultes – l’image d’alors, ce carnaval où les gens déboulent dans les rues, ivres, « décomplexés » tu vois comme les mots ont un sens parfois, courent crient hurlent dansent chantent s’en prennent aux passants, aux passantes – on ne sortirait plus – le carnaval et tout est permis (des envies de meurtre, vraiment, pour la première fois de la vie – c’est ancré avec ici) – la soudaine venue donc de l’histoire du monde aussi – qui serait sans doute à poser en parallèle avec le cirque autour duquel il y avait (il y a toujours) un jardin, un square, les frères M. qui à trois ou quatre font « la chasse aux pédés » - ces frères aussi qui allaient faire du patin à glace, peu de temps – le carnaval, celui de Venise (jamais été) (je n’irai d’ailleurs jamais) – tout ça pour des masques (mais alors, là-bas, dans cette ville de foire, de fête, d’usine et d’école, dans cette ville d’un certain nord, non, de masques, ils n’en portaient pas) -