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La pluie, lieu de l’intime

vendredi 18 août 2017

« En ce moment le feu dans la salamandre1 rougeoie derrière le mica, et les arbres sans feuilles font un dessin rigide à travers le ramage des rideaux transparents. Plus tard cette même chambre s’assombrira des verts de jungle de l’été, les fenêtres s’ouvriront sur les vibrations tendues des cigales... Ce matin il pleut. Il pleut depuis hier. Il pleut comme il pleut dans le Midi, régulièrement, lourdement. Il n’avait pas plu depuis des mois et nous n’avions plus d’eau. Revenus aux temps anciens quand il fallait toujours penser à économiser. Tout à l’heure nous allons enfin pouvoir prendre un merveilleux bain tous les deux dans la salle de bains bien chaude ! Ce matin j’avais la flemme d’écrire mais je me disais que si je ne m’y mets pas un peu chaque jour je n’y croirai jamais assez pour continuer. Déjà hier je m’étais donné l’excuse de faire des gâteaux pour le thé ; la maison est encore tout embaumée de parfum de cannelle et de gingembre. Aujourd’hui je suis tentée de trouver qu’il pleut trop, que c’est sinistre... on n’y voit plus rien par la fenêtre... bien qu’au contraire la chambre n’en paraisse que plus intime, plus chaude avec la lumière des petites cloches en pâte de verre orangée. La chatte dort en boule sur la couverture de fourrure, poil contre poil, petite touffe blonde sur l’immensité fauve. Le feu est rouge à travers le mica de la salamandre et les fleurs du tapis sont douces sous mes pieds... »

Lula écrit dans Le Testament amoureux de Serge Rezvani

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