Paris X/Jaffna

exercice de style* – une histoire policière : un transfuge

l’homme et la couleur de peau – le réalisateur et l’acteur – le policier et l’agent double : le voyou – les gangs (le transfuge a teint pour moitié, donc, ses cheveux en blond, troisième plan dans l’image)

les coins de rues (droite cadre c’est lui)

les groupes et les fraternités sauvages, des hommes et des coups (battes de baseball ou batte de cricket ?)

j’ai cru comprendre qu’il s’agit d’un trafic d’êtres humains – comme dans toute société (probablement) il y a un chef, on peut même lui laver les cheveux

au dessus de la gare du Nord, à Paris, dans le dixième arrondissement, bordé par le métro aérien – la ligne fait Nation-Porte Dauphine par Barbès et Étoile – là, non loin de cette officine dont j’affectionne particulièrement l’enseigne

même s’il s’agit d’une fiction, les lieux sont là et parlent d’eux-mêmes – plus ou moins

on attend le(s) client(s) – il(s) vien(nen)t

puis d’autres

il se pourrait cependant que les choses se gâtent

la place du traître (mais à qui ?) n’est pas spécialement enviable

alors après il ne s’agit pas de divulguer, ou de montrer des actions délétères ou simplement débiles

une famille, voilà, on est désolé

mais on passera par là

jolie, je ne suis pas certain

mais une histoire, des exilés, des perdus honnis et haïs sans doute oui

pas certain que ça finisse bien…

(* : avertissement : je me suis emparé du film annonce de ce film, intitulé Little Jaffna, son réalisateur Lawrence Valin y tient le rôle principal – il en est aussi le scénariste, entre autres (j’apprécie particulièrement cette façon de créditer une demi-douzaine de scénaristes) – sans doute dire qu’il s’agit d’un premier long métrage et que c’est à ce titre qu’on le salue aussi) (renseignements pris (on tient les articles (3 quand même) du canard à la disposition de celles et ceux qui en auraient le besoin), un premier court-métrage a été réalisé et produit dans le cadre de la Résidence de la Fémis (en 2017…) – probablement sur le même thème : ici une image de ce tournage particulier

pas vu non plus – c’est en quoi cette expérience cinématographique tient en quelque sorte d’une espèce de poésie – je brode – mais c’est que le circuit dans lequel est proposé ce film m’est particulièrement odieux. L’envie y était cependant. J’attends donc de voir le dvd s’il se peut – ou une autre programmation, ailleurs. Ici donc un prototype qui tenterait de se rapprocher d’un livre dont j’avais beaucoup aimé le titre Comment parler des livres qu’on n’a pas lus (dans mon ignorance, je pensais que l’auteur avait gardé le singulier (euh pas lu non plus…)

Une autre saisie du quartier ici

Little Jaffna un film réalisé produit et interprété par Lawrence Valin

Orly

Commençons par ceci

de dos, photo prise (dit-on) par Constantin Costa-Gavras, Chris Marker qui filme la place Rouge. « Ce que je remarque (dit la réalisatrice, en voix off) (mais moi aussi) c’est que Chris a les oreilles décollées ». Oui. Comme son cousin Jenry. Oui.
Moi aussi. Comme mon père…

(l'affaire est ambitieuse - ce sont des choses qui vous font battre le cœur - je dispose après vision et re-vision(s) du film (de télévision sans doute) de plus de soixante-dix vidéo-grammes - comme on dit photogrammes pour le cinéma : ça fait beaucoup - il y a du tri à faire - de la présentation - et aussi quelque chose qui me rappelle les billets posés dans la maison[s]témoin au sujet de l'hôtel de Suède (et sa chambre 12) ici le premier et là le deuxième) (j'explore en quelque manière les débuts des miennes sympathies pour le cinéma dont j'espère qu'elles seront partagées) 

L’histoire est partie de ce générique

qu’on ne lit que très mal (je ne le réécris pas : ça sert à quoi, de divulguer les patronymes ? quelque chose du judiciaire ? ) – c’est celui d’un film intitulé Le 5° plan de la Jetée réalisé par Dominique Cabrera (2024) (on peut toujours l’y voir) (évidemment le lien n’est pas destiné à durer mais on s’en fout). Je l’ai vu dans le poste (il faudrait s’intéresser à ses conditions sociales de production, au moins les déterminer et les identifier – arte est dans le coup, certes). Il s’appuie sur cette image

trois gens de dos (en vrai, il y a aussi gauche cadre la dame en fichu (je verrais bien Gena Rowlands) mais elle passe) – le petit garçon aux oreilles décollées se reconnait soixante ans après (à l’image ici : Jean-Henri (aka Jenri) et sa fille Mathilde

) il était sûr qu’il s’agissait de lui : Chris Marker, faisant des photographies sur la jetée (c’est cette espèce de terrasse ouverte au public – fermée de nos jours) d’Orly (l’aéroport, ce jour-là, d’octobre 1962 ou septembre… ) et eux regardant les arrivées des avions en provenance d’Algérie ou d’ailleurs (la guerre avait cessé en mars de la même année, et la paix garantie par les accords d’Evian – 18 mars 1962). Les enfants étaient revenus (ils les avaient laissés un moment (probablement entre Pâques et septembre 1962) aux soins des grands-parents en Algérie (à Oran crois-je comprendre) – les enfants étaient trois : il y avait Jean-Henri, il y avait Polito et il y avait Julia), les parents et eux se promenaient ce dimanche-là (et assez souvent les dimanches de cette fin d’été 1962) à Orly et Marker passait par là. Sans doute ou probablement, tout est là. Des pieds noirs comme on disait.
Pour bien commencer à se rendre compte de ce dont il s’agit : sur l’image de ce cinquième plan, figure(raie)nt donc la mère (Angèle de son prénom) , le père (Julien) et Jean-Henri (l’un de leurs trois enfants) – hors champ, sans aucun doute, les parents Cabrera (et leurs deux enfants) : les cousins sont donc, Dominique et Thierry, dont la mère se prénomme Monique (leur père est décédé, il se prénommait Tony (on le verra à l’image : ici avec sa femme (Monique donc), dans ces années-là-sur le pont des Arts

), il avait deux frères, José et Raymond qu’on ne verra pas) – ici les voici qui arrivent au studio (intitulé L’Etna)

Dominique, à droite, la réalisatrice du film va montrer les images à sa mère Monique, au centre -son fils (et le frère de Dominique) Thierry, gauche cadre, est là aussi – il donnera son avis.

De cette image part donc le film qui recherche qui cherche qui tente de trouver et de prouver ou de retrouver la réalité des choses, soixante ans après – émaillé de photogrammes du film en question ( La Jetée (Chris Marker, 1962) donc) mais aussi d’autres comme Le Joli mai (du même en 1963,tourné en 1962 – dont le générique a été chroniqué ici) , puis Sans soleil (1983) puis aussi Level Five (1997).
On redécouvre le réalisateur on le voit parfois à l’image (lui qui détestait qu’on le prenne en photo, qu’on le filme, qu’on l’interroge) – ici qui tient la caméra, c’est lui, c’est l’Ombre

(le défilé est celui du 13 février 1962, celui des huit morts de Charonne (dont Fanny Dewerpe) – huit morts par la grâce du préfet Papon, et de ses sbires lâchés en ville…) : ce jour-là, dit-on, on entendit des oiseaux chanter sur la place de la République où passaient le cortège – on voit parfois simplement son ombre

(et l’une des intervenantes, dont je n’ai pas réussi à déterminer l’identité indique qu’il se faisait appeler L’ombre… ) elle est ici à l’image


Ainsi ce film-ci convoque-t-il des acteurs (au sens sociologique – au sens cinématographique aussi) de ces films – des femmes surtout – qui connurent le réalisateur, jouèrent avec (et pour) lui. C’est parce que l’identification au générique de qui est qui m’a interrogé disons que j’ai pris des images. Des images du film de Dominique Cabrera, laquelle fait consulter des images : des photos, des photos des films, des films de Chris Maker mais aussi de sa propre famille pour en faire elle-même un film que j’ai regardé et dont je retranscris ici la mémoire.
C’est un peu lyrique et c’est presque sacré – c’est peut-être une galerie de portraits, c’est peut-être juste pour le souvenir – juste me souvenir

Puis, ici voici Julia : elle semble reconnaître les trois personnes/personnages/acteurs, c’est bien son frère son père et sa mère, oui

puis voici Polito

pour lui non plus il n’y a pas de doute – et puis La Jetée entre dans le jeu – comment savoir quand la photo a été prise ? Il est a été dit, sans doute par Chris Marker lui-même, que les images et le tournage avaient été effectués durant l’année 1962, mais plus vers le début. On interroge d’abord Pierre Lhomme (très souvent chef-opérateur mais ici co-réalisateur du film Le Joli Mai (« premier printemps en temps de paix » indique la voix off (Yves Montand)) (on le voit ici qui ouvre les bras

) il indique au téléphone que les images ont dû être prises à un autre moment, peut-être vers septembre octobre (« à l’automne 62 » dit-il) – c’est une première piste – on interroge alors l’assistant de Chris Marker, Pierre Grunstein

qui indique que oui, c’est tout à fait possible que Marker ait fait ces photos-là de la Jetée à ce moment-là d’automne 62 – et oui on lui demande s’il reconnait sur cette image du Joli Mai

peut-être est-ce Hélène Chatelain, la femme de la Jetée – sans doute sûrement… Elle et Davos Hanish, l’homme qui voyage dans le temps… Le Paris du Joli Mai c’est le Paris de l’arrivée des Cabrera comme des Bertrand , le temps de l’exil…
Puis on interrogera la fille de Pierre Joffroy (l’acteur qui porte des lunettes – le tueur :

) elle a conservé ses carnets et agendas (en fait, Pierre Joffroy est un pseudonyme, il se nommait Maurice Weil, sa fille est donc sans doute Ariane Weil : c’est elle

)- pochettes grises, classées – on découvre qu’il a effectué son rôle donc de fin septembre (le 29) à début octobre (le 3) 1962 – « il comprit qu’on ne s’évadait pas du temps » dit la voix off de La Jetée – on y lit aussi que Davos était un peintre en réalité – on convient que les coïncidences s’accumulent un peu – et puis et puis… Monique regarde, ne voit rien, ne reconnait personne

et ici toute la famille Cabrera (Dominique est hors-champ, juste là)

Puis on interrogera la femme de Davos

qui repense à ce garçon, elle ne vint pas au tournage – Jacquie… Jacquie Bablet donc –

et on apprend que Davos était juif – pour elle, ce n’est pas possible que Davos ressemble à son cousin aujourd’hui – non et pourtant on découvre que Davos est né dans le même village (Sig, Saint-Denis du Sig alors) que la famille de Monique (épouse) Cabrera – ce n’est pas possible… Voici Davos alors

il a quarante ans – David Bou Hanish, c’est son nom – né à Saint-Denis du Sig, en Algérie – comme la famille Cabrera… Puis viendra la révélation (vaguement, troublante, impossible) : Monique se souvient des Bouanish – un hasard extraordinaire, « ah ben dis donc » dit Monique… « On en connaissait des Bouanish, Angèle elle en parlait oui, on disait les Bouanish comme on disait les Cabrera… »

« et Angèle elle était amoureuse d’un des Bouanish… » et tout le monde le lui a interdit, David n’était pas un bon parti (parce qu’il était juif…) « un traîne-savate » disait leur père – « un bon à rien : la preuve, il est devenu acteur… « dit Monique. Tout cela donne le tournis, dit-on – comme un vertige
« Comme Vertigo (le film d’Hitchcock), comme si Hélène et Davos étaient comme les double de Scottie et Madeleine… Vertigo… Où le vertige de l’espace est en réalité le vertige du temps… »

Puis voici Denis Gheerbrant qui détaille le plan animé (le seul) dans La Jetée

la fin, le plan du regard – « l’instant qui lui avait été donné devoir, c’était celui de sa propre mort… » On interrogera ensuite cette dame, là

(elle dit de Chris Marker qu’ « il aimait passionnément l’aube… ») (moi aussi) Florence Delay – qui avait joué Jeanne d’Arc pour Bob Bresson – elle qui fit la voix off de Sans Soleil… car Bresson lui avait appris à dire, à dire sans nuire à l’image… « Le bonheur pour Marker ? Un visage de femme endormie » dit-elle.

Circulations souterraines, généalogie des images… Ici Maroussia Vossen (« Chris m’a montré ce film quand j’avais 7 ans… »

non, il ne m’a jamais rien demandé… jamais Chris maman et moi ensemble – jamais… »

« vraiment la personne qui avait une figure de père… ») et elle s’en va
Autre chose encore, voici Étienne- Étienne Sandrin, acteur réalisateur (éleveur de Champagne dit l’Internet)

dans la compagnie des fantômes…
On arrivera encore à reconnaître Catherine Belkhodja

dont la famille rentrait en Algérie quand celle des Cabrera s’en allait…

(si Marker fit La Jetée avec Hélène Chatelain, il fit Level Five (1997) avec elle – actrice, réalisatrice reporter téléaste – la voici plus jeune

puis on entendra Hélène Chatelain nous dire « c’est un très joli mot, la métaphore… » – la voici, plus tard

et puis, pour finirune dernière image

l’exil – Orly – on se souvient, on pense à Hélène, à Davos, à Chris… De profil, oui, c’est bien elle, c’est Angèle…

Fort beau film.
Pour finir peut-être, Orly, cette petite ville de banlieue où s’installait à la fin du dix-neuvième siècle de cette ère

une aérogare : ce toponyme a été réduit

et Chris Marker est (dirait-on) un nom d’emprunt – ici la (une) liste de ses hétéronymes

alias Christian Hyppolyte François Georges Bouche-Villeneuve…

Le Cinquième plan de « la Jetée » un film de Dominique Cabrera.

Téhéran

entre ici - comme disait l'autre - mais abandonne tout espoir d'un billet post chronique critique ou quoi que ce soit d'autre de l'ordre de l'efficace ou de la vitesse prêt-à-porter ou penser - on n'a pas envie de s'amuser

On n’a pas envie de s’amuser avec ces affaires-là mais ça ne les empêche pas (malheureusement sans doute) d’exister. Je poserai (sans autorisation ni demandée ni accordée) la tribune publiée dans le canard ces jours-ci par Pinar Selek (dont on sait qu’un pouvoir voisin cherche à effacer et la trace et la vie) . On sait aussi que les deux réalisateur.es de ce film sont en but à toutes les turpitudes d’un même pouvoir dans un autre pays (mais cette gale semble s’étendre ici et partout) : je pose leur image, pour ne pas oublier.

Une image du dossier de presse (parfois, je me demande à quoi peut bien servir le cinéma : ici, pour une fois – mais c’est quand même aussi toujours le cas – pour que leur existence même soit défendue – et leur droit à vivre et travailler) : (sic)
Maryam Moghaddam est née à Téhéran. Actrice, scénariste et réalisatrice, elle est diplômée de l’école des arts du spectacle de Göteborg, en Suède. Elle s’est produite dans divers théâtres suédois et a joué dans des films iraniens tels que PARDÉ (2013) de Jafar Panahi et Kambuzia Partovi, Ours d’argent lors de la 63e édition de la Berlinale.
Behtash Sanaeeha est né à Shiraz. Après avoir obtenu son diplôme d’architecte, il écrit des scénarios et réalise des courts métrages, des documentaires et des publicités. Son premier long métrage RISK OF ACID RAIN (2015) est programmé dans plus d’une trentaine de festivals internationaux.

Ce n’est pas le lieu, mais ce ne sera pas non plus le silence : le film dont on parlera est sorti ici il y a quelques mois, depuis les réalisateur.es, les actrices et les acteurs aussi sans aucun doute, sont harcelés (le mot n’est pas usurpé, pour une fois) par un pouvoir religieux et borné (lapalissade) (de l’autre côté, il ne l’est pas moins : la plus grande démocratie du monde est elle aussi sous la coupe de fous (très souvent masculins, certes) élus cependant – les conditions des élections sont de plus en plus soumises à caution… mais dans les années vingt et trente du siècle dernier, ce sont les urnes aussi qui portèrent au pouvoir les plus odieux personnages…)
Ce n’est pas le lieu, mais où serait-il donc, alors ?
c’est trop ambitieux me dis-je.
Tant pis.

Téhéran donc, une veuve cherche de la compagnie – celle-ci s’enfuit

elle se promène dans un parc s’arrête s’assoit

on arrête une jeune fille aux cheveux roses

(si je regarde le « gardien de la révolution » (en uniforme, galonné, emberetté, ordinaire) je vois aussi sa substitute à l’index levé – et je pense à Evin et à Fariba Adelkhah)

mais elle n’a pas peur – la jeune fille est enlevée (on pense à Mahsa Amini (et à tant d’autres) : le film a été tourné avant) son amie s’en ira

(non, jamais…) ainsi notre héroïne s’en va (Lily Farhadpour) – un restaurant réservé aux anciens soldats (elle a hérité de son mari le droit de s’y nourrir) – seule : mais y déjeune un chauffeur de taxi (c’est une histoire simple

d’amour, si tu veux)

Alors on se présente

et puis

(interprété par Esmail Mehrabi) ce sont de vieilles gens (dans les soixante-dix), lui travaille encore – il la raccompagne donc, il pleut quand il passe par une pharmacie

elle lui propose de rentrer chez elle (quelque chose d’assez rare, difficile, audacieux : presque un scandale… et pire 🙂 il accepte

elle en est heureuse, lui offre à boire – il accepte encore

mais une voisine survient (qui surveille, ainsi que la femme en noire qui tout à l’heure qui levait l’index)

et elle ment, Mahin, et sans la moindre honte : peu importe – l’autre s’en va – et les deux vivent s’amusent rient dansent

boivent – on fait même un selfie

ils boivent encore, trinquent, mangent – s’amusent donc, se mettent à danser

et puis puisque c’est fatigant, qu’il fait chaud, que le vin aide à faire monter la température

et que les esprits s’échauffent

on se retrouve sous la douche – et puis et puis on parle et on se livre

la cuisine et la pâtisserie donc, comme promis

et mettre à cuire

Le film s’achève.

Mon gâteau préféré, un film qui nous vient d’Iran, réalisé par Maryam Moghaddam et Behtash Sanaeela

Je fais suivre ici cette chronique en date du 7 avril 2025, qui nous parle de ce que subissent celles qui tentent de vivre librement

Dans une tribune au « Monde », la sociologue turque alerte sur le sort de trois militantes condamnées à mort par le régime de Téhéran.


Pinar Selek : « Agissons pour empêcher l’assassinat de trois féministes iraniennes »


Il faut agir de toute urgence pour empêcher l’assassinat de prisonnières et de prisonniers politiques en Iran. Récemment, les recours contre les condamnations à mort de trois féministes – Pakhshan Azizi, Sharifeh Mohammadi et Varishe Moradi – ont été rejetés. Leur exécution est imminente. Les bourreaux se tiennent prêts. Cela peut survenir à tout moment.
Parmi elles, Varishe Moradi, féministe kurde incarcérée à la prison d’Evin, est dans un état de santé alarmant. Blessée au combat contre Daech [acronyme arabe de l’organisation Etat islamique], elle porte encore dans son corps des éclats d’obus qui lui causent d’atroces souffrances. Jamais soignée, elle est abandonnée à la douleur par un régime qui la punit pour avoir résisté à la barbarie islamiste. Son état s’est récemment aggravé, au point que les autorités ont dû la transférer à l’hôpital. Les médecins de l’hôpital, comme ceux du dispensaire de la prison, ont confirmé qu’elle avait un besoin urgent d’examens, de soins et d’opérations. Pourtant, tout traitement lui est refusé. Elle reste privée de soins médicaux et de médicaments.
A travers le corps des femmes, le régime répressif vise le mouvement Jin, jiyan, azadî (« femme, vie, liberté » en kurde), déclenché en 2022 par la résistance et l’assassinat de Jina Mahsa Amini et porté par les sorcières contemporaines : celles qui dansent sous les balles en proclamant l’urgence de la liberté, de la laïcité, de la démocratie et de la justice sociale.
Le miracle de la solidarité
Pour étouffer ce soulèvement, le régime iranien déchaîne une violence arbitraire contre toute la population, visant en premier lieu les femmes. Celles qui veulent la liberté. Celles qui osent. Et il s’alimente des ombres de tous les fascismes – de Kaboul à Washington, de Budapest aux murs qui se dressent contre les exilées et les exilés. Ces régimes, qu’ils brandissent religion, tradition ou nationalisme, savent que le privé est politique. Et que sans féminisme, il n’y a pas de lutte efficace contre les fascismes.
Il nous faut faire preuve d’une audace collective. Pakhshan, Sharifeh et Varisheh n’attendent pas seulement la mort. Elles attendent aussi, avec un demi-espoir, le miracle de la solidarité.
Comme le disait Hannah Arendt (1906-1975) : « L’être humain possède manifestement le don de faire des miracles. Ce don, nous l’appelons dans le langage courant agir, qui signifie la capacité de déclencher de nouveaux processus. » Elles attendent de nous tous que nous réunissions nos forces. Applaudir ne suffit pas. Evoquer leurs souffrances ne suffit pas. Ne restons pas de simples témoins d’un crime annoncé, soyons les artisans d’un miracle. Nous avons la responsabilité d’intervenir pour empêcher ce crime.
Si, aujourd’hui, la communauté internationale, les organisations de défense des droits humains et toutes les personnes éprises de justice élèvent leur voix et agissent sans délai, ces assassinats peuvent être empêchés. Demain sera trop tard. Il faut agir pour la vie. Jin. Jiyan. Azadî.


Pinar Selek est une sociologue, écrivaine et militante féministe turque, maîtresse de conférences à l’université de Nice Côte d’Azur. Elle a dernièrement publié Le Chaudron militaire turc (Editions des femmes, 2023).

et puis

Deir el-Bersha ou Le bord des rêves

(titre de la version originale)

les deux réalisateur.ices et les jeunes filles en répétition

le film (il s’agit d’un documentaire) se déroule ici

un petit bourg du centre de l’Egypte – elles sont six jeunes filles qui vivent

et veulent vivre libres – autant dire tout ou presque s’y oppose – mais il y a le théâtre et la joie d’être ensemble

Lorsqu’on regarde ce que disent les cartes de gougeule (la firme qui s’avilit dans le golfe du Mexique) on ne trouve que cette image de ce lieu

une image posée là par un individu (et non par la firme) : le monastère copte de la petite ville – car la religion est présente elle aussi – une autre contrainte qui s’oppose à la liberté de penser et de vivre heureuse… – alors, avec la force de caractère d’une d’entre ces filles

elles réalisent des scènes de théâtre dans les rues du village

et mettent en scène les obligations qu’elles subissent – le mariage forcé, la tenue vestimentaire et d’autres choses encore

quinze ans seize – on les suit

d’abord en représentations : la vie, la joie exister vraiment sans doute

dire ce qu’elles sont et ce qu’elles pensent – le film est réalisé par deux cinéastes qui suivirent ces jeunes filles durant quatre ans, dit le dossier de presse – et nul doute que la présence même de ces deux cinéastes et de l’équipe

fut d’un grand secours pour la troupe – on entend dans la foule du public quelques insultes parfois – elles jouent, rient s’amusent et chantent – la vie continue, on en suit plus particulièrement trois:

l’une d’entre elle

déclare cette profession de foi

mais se mariera

puis aura un enfant – la seconde

voudrait vivre un grand amour

et puis celui qu’elle choisit la cloîtrera (son père dont je ne possède pas d’image tentera de la raisonner (disons) sans y parvenir) – la troisième enfin

parviendra (en se cachant presque (notamment de son frère aîné qui ne cesse de la rabaisser) , en n’avertissant pas ses parents) à partir

par la force de sa volonté –

Le fleuve

la campagne profonde

et six jeunes filles aux destins presque tout tracés…

Le film est une belle réussite.

Les Filles du Nil – documentaire réalisé par Nada Riyadh, Ayman El Amir de 2016 à 2022 –

Mandalay, Shangaï, Tokyo etc…

voici un type (un anglais, un diplomate, un fiancé) (Edward Abbott, tel est son nom – Gonçalo Waddington)

tout droit sorti d’une nouvelle de Somerset Maugham (je l’aime beaucoup,  » et mon fantôme (d’ailleurs) en rit encore ») – il est là, sous la pluie à attendre le bateau qui mène vers lui sa fiancée – mais non, il s’enfuit – en train, qui déraille

il fuit – il ne veut plus se marier, dirait-on – jungles villes transports – il fuit – des images magnifiques – des paysages (qui n’existent que parce que nous les contemplons, certes) : tout n’est qu’illusions tu sais – il y a de nombreuses étapes, on les emprunte, on suit le chemin – l’homme, lui, s’enfuit – le film est peut-être construit en deux parties, hétérogènes, c’est possible – une comédie, un mélodrame… – au bout d’une heure (des villes, des gens, des campagnes, des arbres et des fleurs sans doute) elle arrive

(Molly Singleton, interprétée par Crista Alfaiate) et lui disparaît – elle, elle suit le chemin qu’il a emprunté voilà quelques jours peut-être

le monde bouge comme le temps

courtoise, drôle, (son rire quand elle pouffe…) adorable pour qui la croise – mais elle, toujours à la recherche de son fiancé

on assiste, tout le temps que dure le film, à des va-et-vient chronologiques, on est au début du vingtième siècle et tout à coup

au vingt-et-unième, aujourd’hui des rues (ici le début (ou la fin) d’un plan panoramique formidable

) et puis et puis elle parvient au Siam, hébergée par un riche latifundiste épris d’elle – à moins que ce ne soit qu’un homme d’affaires – et puis

l’histoire continue – je crois qu’on en revient un peu à lui

un peu de divination, beaucoup d’images des rêves

des merveilles qu’on ne verra pas ici, mais dans le film la cueillette des fleurs de lotus, ou celle des bambous – des merveilles qui tournent, pas autour du monde, mais en Asie, en un grand tour – tout au long de ces plus de deux heures qu’il dure, et qui passent comme un rêve

Grand Tour un film franco-portugo-italien réalisé par Miguel Gomes

et l’équipe technique

Madrid

il s’agit d’une histoire à rebours comme on en voit dans les contes – quelque chose débute dans la nuit : on ne s’aime plus
pas grand chose mais juste : c’est fini hein
on en est d’accord et
On ne s’aime plus, vraiment ?

pourquoi ne pas en faire une fête ?

Ici Ale (Itsaso Arana, qu’on vit déjà dans le magnifique Eva en août du même réalisateur (2020))

et là Alex (Vito Sanz, parfait également – co-scénariste)

il est acteur, elle est réalisatrice – de cinéma – ils forment un couple depuis une quinzaine d’années (il joue dans ses films, elle le filme jouer) (la fiction ? la réalité ?) (il peint aussi :

elle évidemment)

le conte les prend, les images se muent en faux raccords ou en mosaïques

ils se séparent – elle s’en va,

ou alors ce sera lui

ils expliquent cela à leurs amis, ici au bar

là au restaurant : ça peut paraître incroyable

ou tout simplement géniaaaal

en réalité (si ça peut exister au cinéma), l’idée de la fête de séparation (qui m’a furieusement fait penser à ces affects décomplexés de nos jours contemporains) vient d’une galéjade du père d’Ale

ici à droite en peignoir qu’on ne le verra pas quitter (il est joué par Fernando Trueba, le père du réalisateur, Jonas Trueba – une histoire de famille : l’oncle David du réalisateur est producteur – le frère de son père) (oui enfin passons) – « ce serait mieux, disait-il ce père un jour où, probablement il avait abusé de la dive bouteille, de fêter les séparations que les mariages » – ou alors les deux – il est pris au mot – on fêtera cette séparation un 22 septembre :
je me souviens de la chanson qui faisait

un vingt-deux septembre au diable vous partîtes
et depuis chaque année à la date susdite….

que je chantais dans le métro Palais Royal (je m’égare)

je mouillais mon mouchoir
en souvenir de vous

chantait le bon Georges – le poète, l’ami (les meilleures leçons de vie apprises le furent par ses chansons – je l’aime toujours, comme ma grand-mère) (pardon car c’est une chanson triste – elle se termine par

et c’est triste de n’être plus triste
sans vous »)

(elle est un peu citée dans le film)
on fêtera donc ça

en chanson pourquoi pas – on fêtera, on chantera on dansera – et puis

et puis

et puis

Septembre sans attendre un film (drôle, attachant, plein d’espoir) de Jonas Trueba

Lyon, Roubaix, Nice

C’est un premier film (long métrage, un premier) et c’est à ce titre sans doute qu’on en dit quelque chose : on l’a vu à Romainville au Trianon – une salle de la banlieue de Paris nouvellement reliée à la ville dite intra muros par le métro (Châtelet-Rosny-Bois-Perrier dit la ligne – onze dit la wtf régie) et le réalisateur en parlait après la séance (on n’est pas restés, on avait faim) – il y avait dans l’entrée une table garnie de spécialités culinaires libanaises (j’ai acheté un petit paquet de zaatar que j’ai donné ensuite à ma fille comédienne). Cela n’aurait qu’une importance anecdotique et relative (mais les détails et les anecdotes sont l’un des sels de la vie) si l’époque n’avait pas cette puanteur (due à cette extrême droite dégueulasse – permettre et pousser à tuer des avocats en donnant leurs noms et leurs adresses, permettre et oser faire craindre des balles dans la nuque à d’autres corporations, la grande classe comme on voit : c’est ici, dans ce beau pays – celui des libertés). Donc, on sait grâce à ce cinéma de faire une place à celles et ceux qui décidément seront de plus en plus nombreux : et ici et ailleurs, j’ai nommé les étrangers… Et justement voilà que notre héros (Sofiane, dit Souf par ses relations) qui jouit d’une vie assez dissolue se trouve rattrapé par une OQTF (obligation de quitter le territoire français) cette infamie directement inspirée de l’idéologie de cette extrême droite odieuse . Souf est ennuyé : il n’est pas français… mais une solution pour rester sur le territoire dit national (ainsi qu’un front, qu’un rassemblement ou qu’une révolution, le tout de mémoire abjecte) consisterait à trouver un contrat de travail à durée indéterminée – la nation est un concept assez frelaté, je reconnais – ne parlons pas de la patrie, steuplé. On en parle, et il trouve à s’employer comme croque-mort : une relation paternelle (lequel est diplomate), on l’engage, vient mon ami lui dit-on : il était à Lyon, il déménage à Roubaix. Croque -mort cependant d’un genre particulier : musulman. Et voilà Sofiane qui rencontre le Hadj (Kader Affack, taiseux…)

lequel lui apprend un métier que Souf (Hamza Meziani, tout à fait convaincant) n’a aucunement l’intention d’embrasser. Nettoyer les corps morts a quelque chose de certainement assez particulier

ainsi qu’une ambiance difficile à supporter. Nécessité fait loi. Voilà Souf installé, et qui s’en va laver son linge

assez saisi par son nouveau métier (il voit des mort.es partout) mais celle-ci est bien vivante

Rachel (Magdalena Laubisch, sensible)

: coup de foudre sans doute – tout est plus compliqué cependant – mais le film va son chemin – Sofiane parcourt un chemin, commence sans doute à comprendre – Hadj est muet se tait et fait le travail : Sofiane apprend. Comprend sans doute, ce qui se fait sans un mot.

Quand même Sofiane ne serait pas musulman : quelque chose qui n’a, tout simplement, aucune importance. Des choses avec sa famille, d’autres avec Rachel : Sofiane sans doute troublé, tourneboulé, ballotté mais retrouvant son prénom… – ici en visite

à la mosquée, Rachel qui trouve cela exotique, sans doute

le film bifurque : voilà Sofiane s’en allant à Nice tenir une officine : liturgie

nombreux rituels et puis et puis…
Le film suit son chemin, comme Sofiane le sien.
Une sorte d’initiation diaphane – à peine forcée – mais des valeurs, une humanité, des propos, des acteurs et des actrices tout à fait à la hauteur.

Six pieds sur terre un (premier long métrage) film réalisé par Karim Bensalah

Plaisance

une petite ville, dans le nord du pays, près de Milan – emplie d’histoire – une famille, dont deux jumeaux, Marco et Camillo, qui naissent en novembre 39- la guerre

une ville détruite

la famille s’en va : ici plus tard – les deux petits, les jumeaux –

et le fascisme

et puis plus tard encore, la guerre finie, la destitution du roi

Dans cette famille, la religion s’est (plutôt) emparée des femmes – ici Pie douze, pape d’alors

la vie cependant encore continuant – les garçons s’en iront sauf l’un d’entre eux, malade mental probablement – décrit ici en quatre images, sa naissance

puis

grandissant

les enfants grandissent, mais le père meurt d’un cancer –

une situation difficile

ces images, cette famille, les garçons s’en iront vivre leur vie ailleurs, sauf Camillo – images qui le montrent heureux

une certaine joie de vivre

mais au fond, un film qui montre que tout le monde, alors, dans cette famille, tout le monde est aveugle à la détresse de cet homme (ici, au service militaire, parce qu’il faut bien y aller…

) et puis, le jour de fête – Santo Stefano, ce 26 décembre-là

on le retrouve pendu – atroce – mais ces images de sa belle-sœur

qui, là ce jour-là

Camillo s’est pendu – on coupe la corde qui le tient, le souffle – le dernier –

il est mort et c’est à ce moment-là

tragique…

Marco cherche des explications, retrouve une lettre

où Camillo lui demandait de le faire travailler – sans doute a-t-il tenté, sans doute cela n’a pas marché – Tuo Camillo signe-t-il – Marco interroge ses sœurs

puis ses frères aînés

personne ne comprenait ni ne savait

et puis on ne saura que peu – le Marx peut attendre du titre, ce sont les mots de Camillo quand on lui proposait de s’engager politiquement, mais il avait autre chose à faire – on s’en souvient, on le regrette (ici les deux jumeaux, à ce moment-là)

Marco s’explique – à ses enfants, il parle – on se réunit

pour en faire un film

à lui, en son souvenir aussi bien, on lève les verres

et puis ça ne le fera pas (pas vraiment) revenir

Fort et évocateur, je retiens aussi de ce film les yeux fermés de la mère avant guerre

et puis son regard, plus tard, sur ce papier d’identité

où s’est imprimé le nom de sa ville…
Une famille où les personnes (celles qui restent) aujourd’hui

sont entourées de celles et ceux qui leur succèdent

Piacenza, 2018 – mais le souvenir, toujours présent, de celui qu’on n’a pas vraiment compris

Marx peut attendre un film passionnant (enquête documentaire) de Marco Bellochio

Amman

on ne la voit pas vraiment, mais la ville est là – magnifique – capitale de la Jordanie – je la montre de loin, mais tout se passe en ville –

sauf le cours de conduite (mais je n’ai pas d’image) – en ville donc

Amman fait partie de cette histoire qui raconte une vie de femme, Nawal : au début, et dès le début, elle est veuve mais mère d’une petite fille (Nora). Ça ne compte pas (ça ne compte pas : pour l’héritage s’entend)

(elles sont debout, ils sont assis) (pas tous, mais eux sont assis) – ce n’est pas un hasard – Nawal emmène sa fille à l’école – puis elle ira soigner une vieille femme (riche) (il s’agit de son travail : le soin d’une vielle femme)

– elle hérite du pick up de son mari

c’est vrai, elle ne sait pas conduire : et après ?

elle ne veut pas s’en séparer – quelque chose l’en empêche – elle veut le garder – elle hérite de son mari, certes, mais aussi surtout de ses dettes : le frère de son mari est avide

elle ne cédera pas

Il faudra aller en justice, faire valoir ses droits – minces au début – puis

se battre – après d’autres évitements, elle continue : les hommes, eux, veulent la dissuader, elle doit de l’argent, l’appartement dont elle a hérité pour partie revient au frère et aux sœurs du défunt avant elle et sa fille – elle doit de l’argent – un ami se propose de lui en prêter (sans doute contre son amour mais enfin : comme un ami – homme certes) – elle refuse, c’est une histoire d’entraide entre femmes – c’est une histoire de terreur –

et d’amour – elle se débat, cherche des solutions – ment parfois, triche vaguement, se débat dans un monde d’hommes, où elle cache ses cheveux

sauf à la maison

(Adnan, c’est le prénom de son mari : à ce moment-là de l’histoire, au début donc, il vient de mourir…) et puis tenir bon – ne pas céder : le tout pour le tout, elle s’accroche, elle ne veut pas – les choses tournent mal – puis mimant un prochain enfant (mâle oui) elle jettera à la figure de ces hommes-là qu’elle est enceinte – on ne sait si c’est la réalité – on fera des tests – on ira voir des juges
Et comme dans un conte…

Inch Allah un fils un film réalisé par Amjad Al Rasheed, primé à Cannes (fondation Gan) l’année dernière

Mouna Hawa – Nawal
Seleena Rababah – Nora
Haitham Omari – Rifqi (le frère)
Yumna Marwan – Lauren (la fille de famille riche – et chrétienne)
Salwa Nakkara – Souad (la mère de Lauren)
Mohammad Al Jizawi – Ahmad (le frère de Nawal)
Eslam Al-Awadi – Hassan (l’amoureux éconduit)

EQUIPE TECHNIQUE

Réalisation – Amjad Al Rasheed
Scénario – Amjad Al Rasheed, Rula Nasser, Delphine Agut
Image – Kanamé Onoyama (AFC)
Montage – Ahmed Hafez
Son – Nour Halawani
Costumes – Zeina Soufan
Décors – Nasser Zoubi
Coiffure et maquillage – Farah Jadaane
Musique – Jerry Lane

Une production The Imaginarium Films, Bayt Al shawareb, Georges Films
Produit par Rula Nasser et Aseel Abu Ayyash
coproduit par Youssef Abdelnabi, Raphaël Alexandre, Nicolas Leprêtre

Oulan-Bator

une espèce d’initiation – un peu comme toujours au cinéma : on apprend à vivre

mais ces leçons ne nous seront de rien : tout reste à faire

Je suis passé par Oulan-Bator, à un autre moment

(escale en Mongolie) puis encore à nouveau (je ne retrouve pas sinon cette mention)

– j’ai voyagé avec un cordonnier à la recherche des petits chevaux connus sous ces latitudes

– c’est trop loin

– ici on aura affaire à une petite fratrie (un aîné, une sœur, un petit frère) – (dans l’image qui suit, l’aîné prénommé Ulzii)

leur père est sans doute décédé (ce n’est pas explicité), leur mère (elle boit trop d’alcool) regrette d’être venue en ville

mais l’aîné, Ulzii donc, qui réussit en classe

veut poursuivre ces (ou ses) études – il y a de la domination dans l’air

elle s’en va – convaincue par lui, probablement, qu’il fera face aux conditions difficiles

elle part – les choses sont difficiles – l’argent manque – l’hiver est rude et le chauffage au charbon, onéreux – c’est par ces façons de se chauffer que l’air devient irrespirable – rien d’autre à faire, cependant, pour ne pas mourir de froid –

vient le moment du concours

auquel Ulzii participe – et après avoir été sélectionné, gagne – après bien des difficultés…
Les écueils dus à la maladie du petit frère, du manque d’argent pour le soigner et chauffer le logement dans une des milliers de youtres que compte cette banlieue

il s’en sortira par l’étude

– par l’amitié, la joie de vivre avec son frère et sa sœur

et quelquefois saisis par quelque découragement

Bien que pâtissant d’un scénario sans doute vaguement disons conventionnel peut-être, ajouré, un premier film qui montre une sorte de vérité – un pays différent évidemment mais où l’attraction du progrès, de la connaissance, de la science ou du savoir aussi bien, permet d’appréhender une espèce d’avenir.

Si seulement je pouvais hiberner un film de Zoljargal Purevdash (née à Oulan-Bator, 34 ans) – je pose ici une image d’elle pour affirmer quelque chose comme une espèce de politique des auteur.es, probablement pour défendre quelque chose d’un peu différent des bruits et des faits qui parcourent en ce moment cet univers ou ce milieu